Elles étaient venues pour parler tourisme. Elles ont surtout causé candidature olympique. Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, et Valérie Pécresse, la présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France, ont mis de côté leurs divergences politiques pour se concentrer sur l’essentiel, ce lundi 29 février à Tokyo: le dossier Paris 2024. Un enjeu de taille, pour l’une comme pour l’autre.
Les deux femmes (notre photo) partagent le même voyage officiel dans la capitale japonaise. Anne Hidalgo en est à l’origine. Elle y a convié Valérie Pécresse. Un voyage de trois jours, prévu du 29 février au 2 mars 2016. Officiellement, il a pour objectif de « renforcer les relations entre Paris et Tokyo, Hiroshima et Kyoto ». Relations touristiques, surtout, les attentats du 13 novembre dernier à Paris ayant eu un effet désastreux sur la fréquentation de la capitale française par les touristes japonais. Elle serait en baisse d’un tiers.
Mais, sans surprise, le ton de la visite a dérivé vers le sujet olympique. Normal. Tokyo accueille l’événement en 2020. Paris rêve de lui succéder quatre ans plus tard. Ce lundi matin, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont suivi le gouverneur de la capitale japonaise, Yoichi Masuzoe, pour un tour de certains des futurs sites des JO de 2020, dont le village des athlètes. Dans leur ombre, la silhouette peu discrète d’un ancien ministre des Sports, connu au Japon pour ses états de service au temps où il portait le kimono: David Douillet.
Commentaire très diplomatique d’Anne Hidalgo: « Je suis là pour apprendre avec humilité de l’expérience de Tokyo : comment sa candidature s’est construite, quels ont été les atouts et les qualités qui ont conduit le CIO à la retenir, comment ce formidable projet est aujourd’hui mis en œuvre. Tokyo est pour nous un exemple. Il s’agit d’une ville emblématique et moderne, qui au fil de son histoire a souffert mais a su se relever, qui fait preuve d’une résilience exceptionnelle. C’est aussi une ville attachée au respect de l’environnement, qui a mis le développement durable et la transition énergétique au cœur de son projet olympique. »
La maire de Paris s’est autorisée un parallèle entre le village des athlètes des Jeux de 2020 et celui proposé par sa ville dans son dossier de candidature. Dans les deux cas, un « lieu où viendront habiter des jeunes, des populations nouvelles » après l’événement, a suggéré Anne Hidalgo. Le gouverneur a semblé apprécier. Mais le message lui était sans doute moins destiné qu’aux membres du CIO.
Hasard ou pas, les deux élues françaises visitent Tokyo au moment où le comité d’organisation annonce la signature d’un nouveau partenaire privé. Mitsubishi Electric Corporation, plus connu sous le nom de Mitsubishi Electric, devient « partenaire officiel de Tokyo 2020 », le second niveau de partenariat national du programme des sponsors des Jeux d’été en 2020. La société japonaise y entre dans l’improbable catégorie « Ascenseurs, escaliers mécaniques et trottoirs roulants ». Au Japon, ça existe.
Les communiqués officiels, japonais comme français, ne précisent pas si Anne Hidalgo et Valérie Pécresse en ont été informées. Pas sûr. Les deux femmes, et plus largement tous les acteurs des candidatures olympiques, auraient pourtant tout à apprendre des Japonais dans l’art délicat du marketing sportif. A la différence des Sud-Coréens de PyeongChang 2018, encore en retard dans la course aux sponsors privés, Tokyo 2020 est en train de réinventer le genre.
Avec l’arrivée d’un sponsor spécialisé en « escaliers mécaniques et trottoirs roulants », Tokyo 2020 compte actuellement 28 partenaires privés. Un record à ce stade de la préparation, plus de quatre ans avant l’événement. Quinze d’entre eux appartiennent à la première catégories, les « partenaires or ». Les plus riches. En voici la liste, par ordre d’entrée dans la salle: NTT, Asahi Breweries, Canon, NEC, Fujitsu, JX Nippon Oil & Energy, Tokio Marine & Nichido, Nippon Life Insurance, Nomura, ASICS, Mizuho, Sumitomo Mitsui, Mitsui Fudosan, Meiji, LIXIL. Du très lourd.
Un deuxième niveau, les partenaires dits « officiels », en regroupe 13 autres: All Nippon Airways, Japan Airlines, Tokyo Gas, Yamato Holdings, Japan Post Holdings, SECOM, ALSOK, Yomiuri Shimbun, Asahi Shimbun, Nikkei, Mainichi Newspapers, TOTO, Mitsubishi Electric. Le troisième et dernier étage, réservé aux « supporteurs officiels », sera rempli plus tard. Rien ne presse.
Objectif annoncé par l’équipe de Tokyo 2020: 150 milliards de yens de revenus de marketing, soit environ 1,2 milliards d’euros. Il sera atteint, c’est certain. Il devrait même être largement dépassé. Une autre leçon à retenir de Tokyo 2020.