Est-ce la forme du ballon? Allez savoir. Mais les choses ne se passent pas comme ailleurs dans le monde du rugby. Preuve en a encore été donnée lundi 14 mars avec l’annonce, à peine déguisée, de l’identité du futur maître des lieux, successeur de Bernard Lapasset à la présidence de World Rugby (ex IRB). L’élection doit se dérouler le 11 mai 2016, mais on en connaît déjà le vainqueur. Et pour cause: il est seul en course.
Sauf improbable séisme, le prochain président du rugby mondial se nommera Bill Beaumont. Un Anglais. Ancien capitaine et deuxième ligne du XV de la Rose, actuel président de la Fédération anglaise (RFU), l’homme est âgé de 64 ans. Il connaît bien la maison, ayant été membre du comité exécutif de World Rugby sous l’ère de Bernard Lapasset.
Curieux, quand même. A la FIFA, l’élection à la présidence a pris le mois dernier des allures de guerre des clans. Une furieuse bataille des continents étirée sur plusieurs mois, où tous les coups ont été permis. Au CIO, ils étaient six à se disputer la place de Jacques Rogge, en septembre 2013. A l’IAAF, où le siège de président se distingue actuellement par son terrible inconfort, Sebastian Coe et Sergueï Bubka ont âprement bataillé pour le siège. A la World Rugby, un seul candidat. A l’ancienne. A la soviétique.
La date limite pour se déclarer avait été fixée au 12 mars 2016. Lundi 14 mars, la fédération internationale a donc pu annoncer via un communiqué de presse que Bill Beaumont, de son vrai nom William Blackledge Beaumont, né le 9 mars 1952 à Chorley, une ville moyenne du Lancashire, serait proposé pour nomination à la présidence le 11 mai prochain. Un seul tour de scrutin sera nécessaire. Un majorité simple est requise. Une formalité, en somme. L’affaire sera rapidement pliée, la bière n’aura pas le temps de tiédir.
Même forme de consensus pour l’autre poste à pourvoir. L’Argentin Agustin Pichot est lui aussi seul en course pour la vice-présidence de World Rugby, actuellement occupée par le Sud-Africain Oregan Hoskins. Il sera présenté pour nomination en même temps que Bill Beaumont. L’ancien demi de mêlée et capitaine de l’Argentine, qui avait guidé les Pumas à la troisième place de la Coupe du Monde 2007, gagne en influence et en pouvoir au sein de l’organisation. Au vu de son jeune âge – 41 ans -, il n’est pas difficile de penser que le « Petit Napoléon » pourrait un jour ou l’autre monter d’un cran et succéder à Bill Beaumont. Artisan de l’intégration de l’Argentine au sein du Four Nations, Agustin Pichot est entré seulement en octobre dernier au comité exécutif de World Rugby. Une fulgurante ascension.
Avec Bill Beaumont, le rugby repasse donc la Manche. Normal. Et pourtant, l’ancien 2ème ligne, vainqueur du Grand chelem en 1980, deviendra le premier Anglais à présider l’organisation depuis l’entrée du rugby dans le monde professionel. L’IRB a connu sous son organisation actuelle deux présidents français, Albert Ferrasse et Bernard Lapasset, un gallois, Vernon Pugh, et un irlandais, Syd Millar.
Le parcours du futur patron de World Rugby se révèle classique. Trente-quatre sélections en équipe d’Angleterre, deux années de capitanat, un Grand chelem. A 29 ans, Bill Beaumont met son maillot au clou. Il est blessé. La BBC le sollicite pour une émission, A Question of Sport, sorte de quiz télévisuel où il reste une petite quinzaine d’années. Accessoirement, Bill Beaumont gagne sa vie comme directeur de l’entreprise familiale de textile de Chorley, sa terre natale. En 1999, il est invité à représenter l’Angleterre au sein de l’IRB.
Le nouveau président entrera officiellement en fonctions le 1er juillet prochain. Un peu plus d’un mois plus tard, il s’installera dans la tribune d’honneur du stade de rugby à 7 des Jeux de Rio de Janeiro pour assister au retour du ballon ovale dans le programme olympique. Belle entrée en matière.