La situation est inédite. A 136 jours de l’ouverture des Jeux de Rio, le Brésil traverse une période de gros temps, entre crise économique et remous politique. Les billets pour les épreuves olympiques peinent à trouver preneurs dans le pays-hôte. Fin février, un porte-parole du comité d’organisation a avoué que seulement 47% des 7,5 millions de places réservées au public brésilien avaient été vendues. Ailleurs, pourtant, l’événement fait recette. Igor Juzon, le PDG d’Eventeam, agence officielle de la billetterie des JO de 2016 pour la France, la Belgique et Monaco, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: La crise au Brésil, les retards dans la préparation, la menace du virus Zika, perturbent-ils la vente des places pour les Jeux de Rio?
Igor Juzon: Ces difficultés n’aident pas, c’est certain, mais elles n’empêchent pas les gens d’acheter des places et des voyages pour les Jeux. L’événement olympique conserve une force qui dépasse la crise. Il n’a rien perdu de son impact.
A 136 jours de l’ouverture, comment se vendent les Jeux de Rio?
Très bien. Nous en sommes aujourd’hui à 70% de billets vendus. Un résultat atteint sans faire la moindre communication autour de l’événement. Nous n’avions pas enregistré un tel pourcentage de commercialisation à la même époque avant les Jeux de Londres, où nous avons transporté 30.000 Français. L’événement se vend également très bien auprès des entreprises, mieux que nous l’imaginions.
Dans le détail, quels sont les sports qui connaissent le plus de succès?
D’une façon générale, l’athlétisme, la natation, la gymnastique, les finales de basket… Les épreuves traditionnellement les plus suivies aux Jeux. Mais le beach volley est très demandé également, tout comme l’équitation. Les disciplines situées dans le parc olympique marchent très fort. Le BMX, par exemple. Le football se porte bien, sans doute à cause de l’effet Maracana, un stade que les supporteurs veulent découvrir. Ensuite, nous observons des variantes d’un pays à l’autre. Les Français sont très intéressés par le handball et le judo. En Belgique, la demande est forte pour le cyclisme et le hockey-sur-gazon.
Les nouveaux sports olympiques, golf et rugby à 7, sont-ils très demandés?
Oui. Le rugby à 7 cartonne. La famille du rugby veut découvrir l’ambiance olympique. Le golf marche bien aussi, mais auprès d’un public plus spécifique, formé d’amateurs qui souhaitent être spectateurs et acteurs. Ils veulent assister à la compétition et jouer au golf à Rio de Janeiro.
En moyenne, combien de temps les étrangers ont-ils prévu de séjourner aux Jeux de 2016?
Cinq jours. Mais beaucoup de spectateurs veulent profiter des Jeux pour visiter le Brésil. Ils resteront 5 jours aux Jeux, puis poursuivront par une deuxième période de 5 jours de tourisme.
Quel est le budget moyen d’un séjour aux JO de Rio?
Les séjours débutent à 2.800 euros. Mais la moyenne se situe à 5.000 euros, pour le voyage, les billets et l’hébergement.
La situation de l’hôtellerie est-elle comparable entre Londres 2012 et Rio 2016?
Absolument pas. Le nombre de chambres d’hôtel était beaucoup plus important à Londres. A Rio, nous devons composer avec un phénomène de rareté. Nous avions travaillé avec 23 hôtels en 2012 à Londres, nous en aurons une dizaine cette année. Du coup, les prix ont flambé. A Rio, il faut compter en moyenne 4 à 500 euros la nuit pour deux personnes, avec un prix de départ à 200 euros environ.
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, le comité d’organisation a conclu un accord de partenariat avec le site airbnb pour proposer des solutions de logement chez l’habitant. Cette nouveauté a-t-elle faussé le marché?
Non. Elle a contribué à apporter une solution alternative à une offre hôtelière insuffisante. Tous les hôtels sont complets à Rio de Janeiro. Nous avons dû racheter des places sur les bateaux qui seront installés dans la baie par le comité d’organisation.