Après l’athlétisme, la natation? Le sport russe ne connaît plus le mot répit. Ses athlètes sont toujours suspendus et pourraient manquer les Jeux de Rio. Maria Sharapova a été contrainte de précéder le signal d’alarme et d’avouer elle-même un contrôle positif. Le bataillon de consommateurs de meldonium touche ses équipes nationales de biathlon, lutte, volley-ball… Et voilà que ses nageurs sont à leur tour montrés du doigt.
L’affaire est partie de Grande-Bretagne. Dans son édition de ce mercredi 23 mars, le Times de Londres révèle que l’un des personnages les plus sulfureux de l’athlétisme russe, le docteur Sergei Portugalov, aurait également usé de ses pratiques douteuses dans la natation. Médecin chef de l’athlétisme russe, accusé par le récent rapport de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’être à l’origine de la politique de dopage systématique parmi les athlètes, ce scientifique aurait été sollicité par la Fédération russe de natation à partir de l’année 2009.
Depuis cette date, Sergei Portugalov aurait développé ses pratiques dans les deux disciplines. En athlétisme, les résultats sont désormais connus. En natation, ils commencent à sortir du bois. Le Times remarque que 23 nageurs russes ont été convaincus de dopage depuis la saison 2009.
Parmi eux, Yuliya Efimova (notre photo). Quatre fois championne du monde, médaillée de bronze au 100 m brasse aux Jeux de Londres en 2012, la Russe a été suspendue en 2013 et privée de ses cinq médailles aux championnats d’Europe à la suite d’un test révélant la présence du stéroïde DHEA. Sa suspension avait à l’époque été réduite de 2 ans à 16 mois après qu’elle eut plaidé avoir consommé le stéroïde par accident dans un supplément.
Yuliya Efimova a reconnu dernièrement avoir subi en février deux tests antidopage au fameux meldonium. Elle se dit innocente. « Je rejette ces accusations, a-t-elle lancé. En ce moment, nous nous préparons à présenter notre défense. Nous voulons que les charges soient abandonnées et prouver que je n’ai violé aucune règle antidopage, et je continue à m’entraîner pour participer aux Jeux de Rio. »
Pour le Times, il ne fait aucun doute que la présence du docteur Sergei Portugalov autour des bassins conduira l’AMA à pousser l’enquête dans la natation russe. « Les appels à une suspension des nageurs russes des Jeux de Rio vont se multiplier, suggère le quotidien britannique. L’AMA a recommandé l’exclusion à vie de Sergei Portugalov. Il a activement encouragé la Fédération russe de natation à pratiquer la même politique systématique de dopage que l’athlétisme. »
Vladimir Salnikov, le président de la Fédération russe de natation, ancienne légende du demi-fond, n’était pas disponible mardi 22 mars pour répondre aux questions du Times. Même silence radio de la part de Margarita Balakireva, la porte-parole de l’organisation.
La balle est désormais dans le camp des institutions internationales, la FINA, l’Agence mondiale antidopage, voire le CIO. A moins de cinq mois des Jeux de Rio, leur attentisme pourrait être mal interprété.