Le Brésil s’enfonce un peu plus profondément chaque jour dans la crise politique. Un lent mais irrémédiable enlisement qui vient de faire une victime directement liée aux Jeux olympiques et paralympiques de Rio de Janeiro. Un acteur présumé central de la préparation de l’événement. George Hilton, le ministre brésilien des Sports, a été poussé vers la sortie. Il s’apprête à rendre les clefs de son bureau et quitter le gouvernement de coalition formé par la président Dilma Rousseff. A moins de cinq mois de l’ouverture des Jeux de 2016.
Première alerte, en début de semaine: Georges Hilton n’a pas participé, mardi 22 mars, à une réunion à Rio de Janeiro autour de la préparation des JO. Sa présence était annoncée et attendue. Le ministre ne s’est pas montré.
Sollicité par les médias, il n’a pas répondu aux appels. Mais l’un de ses collaborateurs, Ugo Braga, a expliqué à la presse que la présidente, Dilma Rousseff, l’avait informé de son intention de se séparer de lui à l’occasion d’une entrevue dans la soirée du mardi.
Preuve de la prédominance de la crise politique sur tous les sujets du moment au Brésil, y compris la préparation des Jeux, le départ de George Hilton du gouvernement n’aurait pas de lien direct avec le dossier olympique. Paradoxal. En poste depuis décembre 2014, le dirigeant se trouvait sur la sellette depuis que son ancien parti, le PRB, a choisi le 16 mars de claquer la porte de la coalition de centre-gauche au pouvoir, pour rejoindre l’opposition. Un départ forcément peu apprécié par Dilma Rousseff au moment où elle doit faire face à une très sérieuse menace de destitution.
Déterminé à s’accrocher à son fauteuil ministériel, toujours bon à prendre à moins de 150 jours du début des Jeux d’été, George Hilton a démissionné du PRB, pour s’affilier à une autre formation politique, plus petite et absente de l’actuel gouvernement. Une mauvaise pioche, à l’évidence.
Curieusement, le départ de George Hilton n’est sans doute pas une si mauvaise nouvelle pour Rio et le Brésil dans la perspective des Jeux d’été. Pour au moins deux raisons. La première tient à George Hilton en personne. L’homme avait été l’objet de nombreuses critiques depuis son entrée au gouvernement, les plus virulentes insistant sur son inexpérience criante des affaires sportives. Lui-même ne s’en cachait pas: « Je n’ai peut-être pas une connaissance et une compréhension très profondes du sport, mais je comprends les gens et je sais écouter », avait-il suggéré au moment de sa nomination.
La seconde raison est à chercher derrière l’identité de son probable successeur. Jaques Wagner, le chef de cabinet de Dilma Rousseff, l’a expliqué à la presse étrangère: « Dans l’hypothèse où le départ de George Hilton soit officialisé, il serait opportun que le ministère soit confié à Ricardo Leyser (notre photo), un membre du PCdoB (le parti communiste brésilien), qui accompagne depuis le début tout le processus des Jeux olympiques. »
Secrétaire d’Etat chargé du sport professionnel depuis 2009, Ricardo Leyser oeuvre en coulisses sur le sport de haut de niveau et les Jeux depuis son arrivée dans la maison, à l’exception d’une période de six mois où il avait été prié d’aller voir ailleurs. Il est considéré comme l’homme fort du gouvernement dans l’organisation et la préparation des Jeux de 2016. Un parfait connaisseur du dossier, donc, à la différence de George Hilton. A un peu plus de quatre mois des Jeux, pas forcément un mauvais choix.