L’édition 2016 de la Convention internationale du sport en Afrique (CISA) débute ce jeudi 31 mars à Alger. La dixième du nom. Une rare opportunité pour les dirigeants et décideurs du sport africain de se retrouver en un même lieu pour discuter du présent et préparer l’avenir. A quelques heures de la cérémonie d’ouverture, le président du comité d’organisation de CISA, Diamil Faye, décrypte pour FrancsJeux l’un des thèmes majeurs des débats à venir: l’organisation des grands événements sportifs en Afrique.
FrancsJeux: Quel bilan peut-on dresser du dernier grand événement sportif organisé sur le continent, les Jeux Africains 2015 à Brazzaville?
Diamil Faye: Ils ont souffert des mêmes problèmes récurrents du sport en Afrique. Un ensemble de difficultés d’ordre opérationnel. Un manque de partenariat et de financement privés. Enfin, l’éternelle question de la propriété de l’événement. Les Jeux Africains appartiennent à l’Union Africaine. Ils échappent donc au mouvement sportif. Cette situation est le reflet des divisions qui existent sur le continent entre les autorités politiques et le monde sportif. Les deux parties ne parlent pas la même langue et n’avancent pas ensemble.
Il semblait pourtant acquis que les Jeux Africains passent dans le giron du mouvement sportif…
En effet. Mais la question n’a pas été réglée. A la place, il s’est installé un statu quo. L’événement appartient toujours à l’Union Africaine. Les négociations avec l’ACNOA (l’Association des comités nationaux olympiques africains) ont repris, mais sans résultat visible pour l’instant. Il est déterminant de trouver une solution d’ici une ou deux années, avant la prochaine édition des Jeux. Pour avancer, tous les acteurs du sport africain doivent parler le même langage.
L’Agenda 2020 du CIO est-il de nature à favoriser l’organisation en Afrique de grands événements olympiques?
En réduisant les coûts, en autorisant l’organisation des Jeux dans plusieurs pays voisins, l’Agenda 2020 marque sur le papier un premier pas. C’est certain. Il ouvre la voie à une réflexion. Mais l’Afrique doit exprimer une volonté sérieuse de profiter de cette évolution. Une volonté d’avancer ensemble. Aujourd’hui, les indices économiques de certains pays, comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Nigéria, ne sont pas très éloignés de ceux de la Grèce ou du Brésil. En associant plusieurs nations, il est possible de proposer un dossier en Afrique du sud, du nord ou de l’est, pour les Jeux de la Jeunesse ou même les Jeux olympiques.
Cette volonté existe-t-elle?
Elle est encore embryonnaire. C’est pour cela que nous avons souhaité, cette année à CISA, ouvrir le débat et discuter de ces questions. Une réflexion doit être menée. Elle doit être suivie d’une étude économique chiffrée.
Qui peut piloter un tel mouvement?
Les institutions. Une personne seule ne peut rien. Les autorités politiques et sportives doivent faire preuve d’unité et de dialogue, dans un premier temps pour régler la question des Jeux Africains, puis pour insuffler une réflexion sur une candidature olympique.
Les récentes affaires de dopage qui ont touché le Kenya et l’Ethiopie ne risquent-elles pas de freiner l’évolution du sport africain?
Je ne crois pas. Elles ont secoué le mouvement sportif, c’est évident. Mais les difficultés doivent servir à tirer des leçons pour continuer à avancer. Maintenant, il va falloir aux pays concernés prendre des mesures concrètes fortes pour rassurer. Si une volonté claire de mettre en place des reformes, de poser des actes, se manifeste rapidement, je ne vois pas en quoi les affaires de dopage pourraient constituer un frein à l’évolution du sport africain. Mais il va falloir agir pour rassurer et regarder vers l’avant.