Joli coup de pouce de la météo. L’équipe de Paris 2024 a fait le voyage vers Marseille, ce lundi 25 avril, pour y visiter le site de la voile, rencontrer son maire, Jean-Claude Gaudin, et tenir au Palais du Pharo un bureau exécutif, le premier délocalisé en province. Une visite d’une journée où le mistral a choisi de s’inviter. Une belle attention. Avec des rafales à plus de 60 km/h, la rade provençale a été secouée sans répit. Un avant-goût des conditions très sélectives qui seraient proposées aux régatiers dans l’éventualité où Paris soit choisie par le CIO pour organiser les Jeux d’été en 2024. Commentaire de Xavier Rohart, médaillé de bronze en Star aux JO d’Athènes en 2004: « Un temps comme nous les aimons, nous les spécialistes de la voile: soleil, ciel bleu et vent ».
En optant pour Marseille comme site des compétitions de voile olympique, en septembre dernier, l’équipe de Paris 2024 assurait avoir fait le bon choix. Ce lundi, les porteurs du projet ont pu le vérifier sur place, face à la mer, grâce à une rapide déambulation entre le Vieux Port, la corniche et le parc Borély. En tête de cortège, Anne Hidalgo, la maire de Paris, accompagnée de Tony Estanguet et Bernard Lapasset, les deux présidents de la candidature, Etienne Thobois, le directeur général, Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports, Denis Masseglia, le président du CNOSF. Pour les accueillir, côté Marseillais, le maire Jean-Claude Gaudin, une poignée de ses adjoints, et plusieurs athlètes locaux actuels ou passés (Lise Vidal, Dimitri Deruelle et Xavier Rohart pour la voile, Denis Gargaud pour le canoë-kayak, Virginie Dedieu, Florent Manaudou, Frédérick Bousquet et Camille Lacourt pour la natation).
Dans les deux camps, la même envie de faire cause commune. « Je suis très heureuse de me rendre à Marseille, un choix de ville qui parle aux élus africains que j’ai rencontrés ces derniers mois », avouait Anne Hidalgo dans le TGV parti aux aurores de Paris. Sur place, les rafales l’ont quelque peu décoiffée, mais la maire de Paris a tenu le même langage. « Marseille est un atout et un atout fort pour notre candidature, a-t-elle suggéré. Nos deux villes s’engagent ensemble pour fédérer le pays derrière le projet olympique. J’y vois un signe fort. Marseille est un pôle d’excellence, pas seulement pour les sports nautiques, mais également pour la natation. »
Même enthousiasme pour Jean-Claude Gaudin, pas réticent pour deux sous à tenir lui-même le logo de la candidature sur l’une des nombreuses photos officielles de la journée (photo du bas). « Cette alliance entre les deux premières villes de France est symbolique de l’unité du pays derrière cette candidature, a insisté le maire de la cité phocéenne. Nous allons maintenant partir à la recherche des voix et des concours nécessaires. »
Une petite heure de visite a été suffisante à la délégation parisienne pour lever les derniers doutes: dans un dispositif olympique, Marseille présente bien. La ville avoue 14.000 licenciés à la Fédération française de voile, un record national. Sa marina pourrait accueillir 15.000 spectateurs payants en 2024. Les autres, « les plus nombreux possible », avance Jean-Claude Gaudin, pourront se masser le long de la corniche pour suivre des régates organisées sur l’un ou l’autre des cinq ronds de course. Dimitri Deruelle, deux Jeux olympiques à son actif (Barcelone 1992, Sydney 2000), détaille: « Les conditions sur le plan d’eau sont très changeantes, avec des vents instables. Les tacticiens s’y régalent. Celui qui gagne à Marseille est un régatier complet. »
L’argent? Jean-Claude Gaudin glisse le chiffre d’une vingtaine de millions d’euros, à investir par sa ville sur le dossier olympique. Il précise, retenant avec peine un sourire de farceur: « Nous mettrons au fur et à mesure les moyens qu’il faudra pour l’emporter… mais en faisant attention. »
A l’heure où la ville et ses habitants vivent comme une souffrance la lente descente aux enfers de l’Olympique de Marseille, la perspective des Jeux de 2024 peut sembler encore lointaine. Florent Manaudou, le champion olympique du 50 m, le reconnaît: « Pour nous, les sportifs, les choses seront plus claires après les Jeux de Rio. Mais les gens vont s’impliquer de plus en plus. Ces Jeux pourraient permettre de faire en sorte qu’il n’y ait pas que le football à Marseille. » Un beau challenge.