Le surf n’est pas encore un sport olympique. Mais il n’en a jamais été aussi proche. Tellement proche que ses dirigeants se laissent parfois aller à évoquer sa présence aux Jeux en s’exprimant au futur, sans mention du conditionnel. La discipline a été choisie par les organisateurs des Jeux de Tokyo pour entrer au programme en 2020. Un privilège également accordé par les Japonais à l’escalade, au baseball/softball, au skateboard et au karaté. La décision finale appartiendra à l’ensemble des membres du CIO. Ils seront invités à se prononcer par vote à l’occasion de la prochaine session, au début mois d’août 2016 à Rio de Janeiro.
Rien n’est fait, donc, mais la voie semble largement ouverte à une entrée historique du surf dans le programme des Jeux de 2020. Une délégation du CIO a fait le voyage en Australie, en début d’année, pour la première étape du Pro Tour. « Une visite d’inspection en tongs et bermudas », plaisante Fernando Aguerre (notre photo, en pleine action), le président de la Fédération internationale de surf (ISA), un Argentin de Mar del Plata installé dans le sud de la Californie. Les envoyés du CIO ont posé des questions, observé la compétition, ses règles et son décor. A leur retour, ils ont rendu un avis favorable à la commission du programme du CIO. Un feu vert également donné aux quatre autres nouvelles disciplines sélectionnées par le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020.
Prochaine étape: un examen du dossier par la commission exécutive du CIO. Sauf immense surprise, il devrait être tout aussi positif. Il ne restera plus alors à la session du CIO qu’à entériner la décision. Une dernière étape présentée par beaucoup comme une formalité.
Fernando Aguerre croise les doigts. Elu à la présidence de l’ISA pour la première fois en 1994, cet Argentin tranche volontiers dans le monde parfois très formaté du mouvement olympique. Il porte la chemise hawaïenne comme une seconde peau, préfère le nœud papillon à la cravate et laisse rarement passer son temps de parole. « Mon premier mandat à la présidence de l’ISA a débuté par une élection à Rio, se souvient-il. Il serait formidable que le surf devienne olympique, 22 ans plus tard, dans la même ville. »
A moins de trois mois de l’échéance, Fernando Aguerre et Robert Fasulo, le nouveau directeur exécutif de l’ISA, tracent déjà à traits précis le croquis de la première compétition olympique de surf. Elle pourrait rassembler 20 hommes et autant de femmes. Elle se déroulerait en décor naturel, dans l’océan. « Nous avons proposé au CIO une option sur un site naturel, une autre avec des vagues artificielles, explique l’Argentin. Dans cette deuxième hypothèse, la compétition pourrait se dérouler dans Tokyo même. Aujourd’hui, la technologie le permet. Le CIO a préféré la première option. Nous croyons très fort au potentiel des vagues artificielles, mais il est sans doute encore trop tôt. »
A Tokyo, en 2020, l’entrée du surf aux Jeux d’été pourrait donner un coup de jeune à l’ambiance olympique. Fernando Aguerre imagine déjà d’envelopper la compétition d’un festival de plage pour la jeunesse, baigné de musique, où le short serait de rigueur et la nourriture organique. « Le surf n’est pas seulement un sport, mais aussi une culture, insiste-t-il. Le CIO l’a compris. Quand nous avons présenté notre projet aux Japonais, nous avons établi un parallèle avec l’arrivée du surf des neiges aux Jeux d’hiver de Nagano en 1998. »
L’impatience se devine dans son regard, mais Fernando Aguerre sait se montrer philosophe à la perspective, jamais totalement exclue, d’un rejet de sa discipline par la prochaine session du CIO. « Notre croissance a été organique, explique-t-il. Ses conséquences seront donc elles aussi organiques ». L’esprit surf. Magnifique.