La 4ème édition des Rencontres internationales des grands événements sportifs (RIGES) se déroule jeudi 26 mai 2016, dans le 14ème arrondissement de Paris. Muriel Pénicaud (notre photo), la directrice générale de Business France, l’agence nationale à l’initiative des RIGES, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Pourquoi Business France s’intéresse-t-elle aux marchés des grands événements sportifs?
Muriel Pénicaud: Le marché des Grands événements sportifs internationaux (GESI) est estimé à environ 50 milliards d’euros par an. Le Qatar, par exemple, investit 100 milliards de dollars entre les Mondiaux de handball 2015 et la Coupe du Monde de football 2022. Plus de 30 milliards de dollars ont été planifiés en Russie pour la Coupe du Monde de Football 2018. Les montants sont considérables et orientés à la hausse. Sur ce marché hautement concurrentiel, la France dispose d’atouts importants parmi lesquels une tradition bien ancrée de grands événements sportifs internationaux récurrents, comme le Tour de France, Roland-Garros ou les 24 H du Mans, et d’accueil de manifestations comme l’Euro 2016, la Ryder Cup 2018, la Coupe du Monde de football féminine 2019, sans parler de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024. Tout l’enjeu est de surfer sur ce savoir-faire pour l’emmener à l’international. Forte de son réseau qui couvre 122 pays, Business France est particulièrement bien placée pour identifier les opportunités, les circuits de décision et les clés d’accès à ces marchés afin d’en faire bénéficier nos entreprises.
Quels sont les marchés de demain ?
Les marchés qui s’ouvrent aux entreprises sont de plusieurs dimensions. Les plus grands événements sportifs sont bien entendu les Jeux olympiques, d’été avec Tokyo 2020, d’hiver avec la Corée du Sud 2018 et la Chine 2022. Les Coupes du Monde de football sont également des événements majeurs avec la Russie 2018 et le Qatar 2022. Si ces événements offrent les plus grandes opportunités, ils sont aussi les plus concurrentiels et peut-être les plus difficiles d’accès. A côté, des événements plus « secondaires », mais prometteurs, comme la CAN au Cameroun, les Jeux de la Francophonie, les Jeux Asiatiques 2018 en Indonésie, les Jeux Asiatiques indoor 2017 au Turkménistan, avec des montants moins importants, peuvent être d’un accès plus aisé. Enfin, nous nous intéressons aux marchés dits de proximité sur lesquels les besoins en infrastructures et en équipements sportifs sont porteurs, comme l’Inde ou l’Arabie Saoudite, notamment dans le cadre d’une politique d’amélioration de la santé par la pratique sportive.
Quelles sont les spécificités de l’offre française ?
Elle est à la fois diversifiée, innovante et transversale. La France dispose, de longue date, d’une expertise poussée dans des domaines tels que la conception et l’équipement de stations de ski, ou la gestion de grands événements sportifs. Les entreprises françaises sont présentes sur tous les segments de l’économie du sport et de l’organisation d’un événement. Leur savoir-faire et leur expertise sont reconnus dans tous les domaines d’activité : architecture, BTP, énergie, transports, gestion des flux, sécurité, environnement, télécommunication, assurances, billetterie, signalétique, restauration collective, équipements et articles de sport, gestion des infrastructures, communication, événementiel… Mais l’industrie française du sport voit son chiffre d’affaires diminuer depuis plusieurs années. En dix ans, un tiers des entreprises et des emplois a disparu. Le secteur s’est concentré autour des grands groupes, notamment du BTP, qui détiennent plus de 70 % du marché, autour desquelles gravitent de nombreuses TPE et PME familiales (95 % du tissu industriel), souvent sous-traitantes, positionnées sur des marchés de niche. Tout l’enjeu aujourd’hui est de structurer l’offre française et de la fédérer à l’international afin d’offrir aux donneurs d’ordre internationaux des solutions globales. Nous y travaillons avec nos partenaires du ministère des Sports, du ministère des Affaires Etrangères et du Développement international (MAEDI), de la Direction générale du Trésor et bien entendu avec les entreprises de la filière.
Quelle est l’action aujourd’hui de Business France pour promouvoir les entreprises de cette filière à l’international ?
Depuis plusieurs années, nous accompagnons les entreprises de la filière à la rencontre des décideurs et comités organisateurs à l’occasion de missions collectives, sur la Russie ou le Japon par exemple. Ainsi en 2016, nous les emmenons notamment en Chine, pour 2017 nous projetons l’Inde, le Japon et le salon FSB en Allemagne. En parallèle, nous contribuons aux travaux de la Filière Sport, notamment sur son volet international, et à la création de Clubs sport à l’international comme au Japon et en Corée du Sud, où institutionnels et entreprises françaises se réunissent à des fins de veille, de networking, de lobbying et d’entraide. Dans le cadre des travaux menés par la DIGES (Délégation interministérielle aux grands événements sportifs), Business France met en œuvre des actions afin d’optimiser les retombées économiques de l’Euro 2016. Ainsi un catalogue des savoir-faire français liés aux grands événements et aux équipements sportifs sera diffusé aux décideurs étrangers dans les pays prioritaires via notre réseau. De même, la campagne de communication Créative France, déployée à l’international par Business France, sera diffusée dans les stades français. Un dispositif de relations presse ainsi que des visuels spécifiques seront activés. Belle illustration de cette dynamique, les RIGES constituent le point d’orgue annuel de cette démarche commune avec le ministère des Sports, le MAEDI et la Direction générale du Trésor. Avec cette 4ème édition, elles donnent aux entreprises les clés et les contacts pour accéder aux opportunités et aux décideurs des grands événements à venir sur la Chine, la Russie, le Qatar, le Japon, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et l’Inde. Couplées avec la tenue imminente de l’Euro 2016 et la perspective de Paris 2024, c’est au rayonnement de l’excellence française que nous travaillons, en nous appuyant sur les événements de référence en France pour ouvrir les marchés à l’export aux entreprises françaises du secteur.