Candidatures

Pour 2024, Virginia Raggi prête à entrer dans la mêlée

— Publié le 20 juin 2016

L’histoire est entrée d’un pas alerte, dimanche 19 juin, dans la capitale italienne. Les cheveux au vent et un grand sourire aux lèvres. Virginia Raggi, 37 ans, une avocate sans long passé politique, mère célibataire d’un garçon nommé Matteo, a remporté comme prévu les élections à la mairie de Rome. Au terme d’un scrutin marqué par une faible participation (67%), la jeune femme a devancé largement son dernier rival, le démocrate Roberto Giachetti. Selon les estimations de la fin de soirée, elle l’aurait emporté avec un écart à deux chiffres. A la tête d’une organisation anti-partis, le Mouvement 5 Etoiles, elle est devenue dimanche soir la première femme élue à la mairie de la Ville Eternelle.

Quelles conséquences pour la candidature de Rome aux Jeux de 2024? Quelques mois en arrière, la réponse aurait été aisée. Virginia Raggi ne cachait pas son hostilité au projet. Elle se disait contre, dans les grandes largeurs. Elle estimait que la ville avait d’autres priorités, une ville dont la dette cumulée atteint 13,5 milliards d’euros et où 40% des chaussées sont aujourd’hui défoncées.

Mais les temps ont changé. Les derniers temps, surtout. Durant l’entre-deux-tours, la candidate du Mouvement 5 Etoiles a nuancé son propos sur la question des Jeux olympiques en 2024. Elle a estimé qu’ils pourraient constituer un outil de développement pour Rome et pour son économie. A quelques jours du vote, elle a expliqué à l’agence de presse ANSA qu’elle pourrait envisager un référendum sur le candidature de Rome 2024 dans l’éventualité où les habitants le réclameraient, sous la forme d’une pétition par exemple. Une façon de laisser la porte ouverte à un projet dont elle pourrait tirer un grand bénéfice politique en cas de victoire, sans trop risquer d’en porter le fardeau dans l’hypothèse inverse.

Autre signe d’un possible retournement de veste, la composition de sa future équipe municipale. Prudente, Virginia Raggi n’en a pas dit beaucoup sur le sujet après l’annonce de sa victoire. Seule exception: l’ex rugbyman Andrea Lo Cicero (notre photo, en bas). Ce Sicilien de 40 ans a cumulé plus de 100 sélections en équipe nationale, avant de mettre son maillot au clou en mars 2013. Il a joué au Stade Toulousain, à Rome et au Racing 92. Virginia Raggi devrait, sauf catastrophe, lui confier la direction des Sports.

En soi, rien de fondamental pour la Ville Eternelle. Sauf que l’ancien pilier n’a jamais caché son attachement au projet olympique. « Nous voulons les Jeux en 2024 », affirmait-il en septembre dernier, au moment où Luca di Montezemolo, le patron de la candidature, et Giovanni Malago, le président du CONI, déposaient à Lausanne le dossier de candidature. Depuis, Andrea Lo Cicero n’a pas changé de position. Il se dit toujours favorable à la candidature.

Sa nomination à la tête de la direction des Sports, associée à la volonté de Virginia Raggi de lui confier le rôle sitôt la victoire acquise, constituent un signe fort. Un signe derrière lequel il est tentant de deviner que la nouvelle maire de Rome n’est plus autant opposée au projet. « Nous n’abandonnerons pas », répète sans lassitude Diana Bianchedi, la directrice de la coordination de Rome 2024. Finalement, peut-être pas.

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