Un mois. Pile. Dans un mois, le monde entier tournera ses regards vers Rio de Janeiro. La cérémonie d’ouverture des Jeux de 2016, les premiers de l’histoire organisés en Amérique du Sud, se déroulera dans la soirée du 5 août au stade Maracana. Les trois coups d’un événement dont il est bien difficile aujourd’hui d’anticiper le déroulement. A un mois de l’ouverture, la tableau reste enveloppé d’un flou peu artistique et guère rassurant. Les dernières nouvelles parvenues du Brésil, loin d’adoucir le trait, renforcent l’inquiétude.
Passons rapidement sur les propos triomphalistes de Michel Temer, le président par intérim du Brésil. Gonflé de confiance comme un ballon de foire, le nouveau chef de l’Etat a assuré que le Brésil était « prêt à accueillir le monde », que tout était désormais terminé ou sur le point de l’être, que les 85.000 forces de police mobilisées pour l’occasion allaient veiller sur les athlètes, les entraîneurs, les officiels, les spectateurs et les médias avec une attention toute maternelle. Il a cité les derniers événements organisés « avec succès » par le Brésil, du Mondial 2014 aux Jeux Panaméricains, en passant par la Coupe des Confédérations, comme autant de preuves que le pays ne peut pas se louper en août prochain. Admettons.
Le reste du décor n’est malheureusement pas à l’avenant. Tout au moins, pas encore. Exemple: la sécurité. Interrogé par CNN, le maire de Rio de Janeiro, Eduardo Paes, a lancé une torpille en direction des autorités de l’état de Rio. « Assurer la sécurité est de leur responsabilité, a assuré le premier élu de la ville. Mais, jusqu’à maintenant, elles n’ont pas assuré. Elles ont fait un travail horrible et terrible ». A un mois de l’ouverture, l’attaque frontale menée par Eduardo Paes en dit long sur les relations entre la ville et l’état de Rio.
Dans le même registre, la démonstration organisée par les policiers de la ville olympique laisse encore plus perplexe. Une centaine de policiers civils et de pompiers s’est déployée dans le hall d’arrivée de l’aéroport de Rio de Janeiro, étalant à la vue des passagers des pancartes rédigées avec ces mots: « Bienvenue en enfer ». Sur d’autres banderoles, les manifestants avaient écrit : « Les policiers et les pompiers ne sont pas payés. Celui qui vient à Rio n’est pas en sécurité ». Selon la presse du pays, les salaires en retard des fonctionnaires de police devraient être payés au cours de la semaine. En attendant, on manifeste, profitant de la présence en ville des premiers médias étrangers.
Ailleurs, l’herbe n’est pas beaucoup plus verte. Dans la baie de Guanabara, les eaux ont même pris une teinte franchement repoussante. Plusieurs équipages de voile olympique déjà présents à Rio de Janeiro ont été englués, lundi 4 juillet, dans une nappe d’huile sur le site même des prochaines épreuves. « Je n’avais jamais vu un truc pareil, la nappe était impossible à éviter », a raconté la Finlandaise Camilla Cedercreutz à son retour d’une séance d’entraînement dans la baie. Selon plusieurs médias, les eaux ont atteint un tel niveau de pollution que les coques des bateaux ont viré en quelques minutes d’un blanc lumineux en un marron repoussant. Commentaire laconique du coéquipier de la Finlandaise: « Notre bateau a maintenant un air de chiottes ».
Jordi Xammar, un Espagnol sélectionné en 470, a expliqué de son côté ne pas avoir pu détourner sa coque de la nappe d’huile. « Elle était bien trop large », a-t-il raconté à son retour à la marina olympique. Avant de préciser que sa coque était désormais toute sombre. « Le pire est que nous avons vu des tas de poissons morts flotter à la surface », a confié l’athlète espagnol. Beurk.