A Pékin, la mise à l’écart du sport russe ne laisse personne indifférent. Au plus haut sommet de l’état, l’affaire est prise très sérieux. Pour preuve l’initiative prise par les autorités sportives chinoises pour se prémunir d’un séisme comparable à celui qui est train d’emporter l’athlétisme et les autres disciplines sportives en Russie. Gao Zhidian, le sous-directeur de l’administration nationale du sport, l’a expliqué à l’agence officielle de presse Xinhua: les membres de la délégation chinoise aux Jeux de Rio devront prêter serment sur la délicate question du dopage.
L’initiative est inédite. Athlètes et entraîneurs de l’équipe olympique de Chine, toutes disciplines confondues, devront s’engager par écrit, signature à l’appui, à ne pas tricher avant et pendant les Jeux. En cas de dérapage, ils seraient « sévèrement sanctionnés ». Comment? Les dirigeants chinois ne le précisent pas. Mais le message est clair: zéro tolérance de la Chine en matière de dopage.
La démarche de l’administration chinoise va plus loin encore. Avant de monter dans l’avion pour Rio de Janeiro, athlètes et entraîneurs ne devront pas seulement signer de leur main une promesse d’intégrité. Il leur faudra également répondre à un long questionnaire sur le dopage, ses règles et ses produits. Le questionnaire est présenté comme obligatoire. Les sélectionnés olympiques devront y atteindre le score de 80% de bonnes réponses pour valider leur présence aux Jeux de Rio 2016. Cet examen de passage sera également soumis aux médecins de l’équipe olympique chinoise.
Commentaire de Gao Zhidian, par ailleurs chef de mission de la délégation aux Jeux de 2016: « Nous prenons la question du dopage très au sérieux. Nous voulons être très clairs dans notre volonté d’emmener aux Jeux des athlètes intègres et fair-play. » A Rio 2016, la délégation chinoise comptera 711 personnes, dont 416 athlètes. Parmi ces derniers, 35 champions olympiques. Selon les estimations, citées par Associated Press, la Chine devrait figurer dans le trio de tête des nations au classement des médailles, avec une prédiction d’au moins 39 victoires.
Les affaires de dopage, le sport chinois en a transporté un lourd paquetage au cours des dernières décennies. En février dernier, l’ancienne athlète Wang Junxia, toujours détentrice du record du monde du 10.000 m depuis 1993, a révélé avoir été forcée à se doper par son entraîneur, le tristement célèbre Ma Junren. Deux mois plus tard, le Times a révélé les cas de cinq nageurs chinois convaincus de dopage, dont les tests positifs auraient été gardés secrets par les autorités sportives du pays. Parmi eux, Sun Yang, le champion olympique du 400 m et 1.500 m à Londres en 2012, contrôlé positif en mai 2014, dont les faits de dopage sont restés enfouis six mois avant que sa fédération nationale ne s’en fasse l’écho.