Dans la course aux Jeux de 2024, Paris a ouvert le bal. La candidature française a été la première à tenir sa conférence de presse olympique. Elle l’a fait vendredi 5 août, jour J pour les Jeux de Rio, en milieu de matinée. L’exercice n’a rien d’un programme libre. Il est formaté par le CIO, selon un code de conduite rigide et sans fantaisie: trente minutes, pas une de plus, une salle sobre du centre principal des médias, un maximum de six intervenants. Los Angeles suivra de près, dans la matinée du mardi 9 août. Rome et Budapest fermeront la marche un peu plus tard dans la quinzaine.
Les intervenants. Paris 2024 a utilisé toutes les cartes autorisées par le CIO. Six intervenants à la tribune: Etienne Thobois, le directeur général de la candidature, dans le rôle du modérateur; l’ancienne athlète Muriel Hurtis; le président François Hollande, au centre de la tribune, tout juste sorti d’une entrevue très matinale avec Thomas Bach; Tony Estanguet, le co-président de la candidature et membre du CIO; la maire de Paris Anne Hidalgo; le judoka Teddy Riner, porte-drapeau de la délégation française à la cérémonie d’ouverture et co-président du comité des athlètes de Paris 2024. Costume sombre et cravate rose pour les hommes (sauf François Hollande, en cravate grise), veste blanche pour les deux femmes. Etienne Thobois a lancé la conférence en anglais. François Hollande, Muriel Hurtis et Teddy Riner se sont exprimés en français. Tony Estanguet a opté pour l’anglais. Anne Hidalgo a parlé en espagnol.
L’assistance. Au premier rang, le reste de la délégation française: Patrick Kanner, le ministre des Sports; Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France; Guy Drut, membre du CIO; Bernard Lapasset, le co-président de Paris 2024; Denis Masseglia, le président du CNOSF; Emmanuelle Assmann, la présidente du comité paralympique français; Marie-Josée Pérec, triple championne olympique; l’ancienne volleyeuse Victoria Ravva; le basketteur Rony Turiaf… Une absence remarquée: Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports. Dans la salle, très bien remplie sans être tout à fait pleine, une majorité de médias français. Pour le reste, beaucoup d’Anglo-saxons et quelques Asiatiques.
Le message. Solide et soigneusement préparé. Tony Estanguet a détaillé les grands axes du projet parisien: un dispositif compact, des Jeux pour les athlètes, un héritage pour la ville, le pays et sa population, des coûts maîtrisés… Il a évoqué les derniers Jeux à Paris, en 1924, cité Pierre de Coubertin, suggéré que l’olympisme faisait partie de l’ADN de la France et de sa capitale. Anne Hidalgo a parlé, en espagnol, des atouts de Paris. Elle a également eu un mot pour Eduardo Paes, le maire de Rio de Janeiro. Teddy Riner, très appliqué, a bouclé sa courte intervention par cette phrase: « Nous, les athlètes, sommes déterminés à gagner, à Rio puis à Lima. » Muriel Hurtis s’est concentrée sur sa région, l’Ile-de-France, sa jeunesse et l’impact que pourraient avoir sur le territoire de la Seine-Saint-Denis les 5000 logements du village des athlètes. François Hollande s’est exprimé le dernier. Il a parlé d’un projet rassembleur, porté par le mouvement sportif. Le chef de l’Etat a pointé le savoir-faire français pour l’organisation de très grands événements sportifs. Puis il a conclu, en référence aux défis du monde actuel: « La réponse, c’est Paris. »
Les questions. Sans grande surprise, les médias étrangers ont tiré les premiers en interrogeant François Hollande sur la sécurité. Une première question, puis une deuxième. Autres sujets: le dopage, les leçons des échecs passés, l’impact économique des Jeux en 2024… Attendu. A la question de la nature de ses échanges avec Thomas Bach, le matin même, François Hollande a répondu: « Je ne dirai rien, ces entretiens étaient privés. » Puis le chef de l’Etat a expliqué: « Je voulais demander des conseils. Nous voulons les Jeux, mais notre démarche est de demander à l’olympisme ce qu’il attend de Paris. »
La vedette. Sans hésiter, François Hollande. Toutes les questions de la presse, française comme étrangère, ont été pour lui, sans la moindre exception. Détendu, le président de la République n’a refusé aucun sujet. Sur la sécurité, notamment, il a patiemment expliqué que toutes les villes étaient aujourd’hui sous la menace du terrorisme, que l’Euro de football n’avait pas été perturbé et que, en termes de protection des événements, la France possédait une expérience que beaucoup de pays n’avaient pas acquis. François Hollande a su apporter une touche d’humour. Il a fait mouche.
L’anecdote. Le comité olympique américain (USOC) avait organisé une autre conférence de presse, « concurrente », au même moment dans une salle voisine. Quant à l’équipe de Los Angeles 2024, elle avait envoyé son directeur de la communication, Jeff Milman, observer la performance française, assis au dernier rang des journalistes.