Michaëlle Jean, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a fait le voyage vers Rio pour les Jeux de 2016. Une habitude. Un séjour brésilien où la Canadienne d’origine haïtienne a eu le privilège de porter la torche olympique (notre photo), puis assister à la cérémonie d’ouverture, avant de découvrir le site des épreuves d’aviron. L’occasion de raviver sa passion des Jeux. Et découvrir par elle-même, sur place, la place réservée par les organisateurs brésiliens au français, langue officielle du mouvement olympique. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Qu’avez-vous pensé de la cérémonie d’ouverture des Jeux, d’un point de vue strictement francophone?
Michaëlle Jean: J’ai trouvé la langue française très présente et très bien respectée. Les délégations ont défilé dans un ordre alphabétique en français, chose rare aux Jeux olympiques. Les traductions en français des messages et discours, sur les écrans du stade, étaient de bonne qualité. Mais nous avons travaillé avec les organisateurs brésiliens très en amont de l’événement. Dès l’année 2012, nous avons commencé à discuter avec Carlos Nuzman, le président du comité d’organisation des Jeux. Il en a résulté l’envoi et la mise à disposition par l’OIF de volontaires francophones, chargés notamment de la traduction des textes et des documents.
Au-delà de la cérémonie d’ouverture, la place du français vous semble-t-elle respectée aux Jeux de Rio?
Elle est très inégale. Et je dois avouer que cela nous gêne. Dans l’ensemble, le résultat est décevant. Sur les sites, le français est souvent oublié dans les commentaires. Au niveau de la signalétique, il est très aléatoire. Nous avons beaucoup discuté de ces questions avec les autorités brésiliennes, mais à un moment l’abonné a été absent. Nous avons débuté notre collaboration avec un gouvernement qui n’est plus là aujourd’hui. Les athlètes en pâtissent. L’espace francophone représente 77 délégations aux Jeux de Rio. C’est considérable. Mais leurs représentants ne peuvent pas bénéficier de tous les services dans leur propre langue. Je le regrette.
La situation était-elle différente aux Jeux de Londres en 2012?
Aux Jeux de 2012, nous avions réussi à gagner du terrain. Londres est une ville de la diversité, avec 2 millions de francophones. Nous avions fait en sorte que les résultats soient tous donnés en français.
A titre personnel, comment avez-vous vécu l’expérience de porter la flamme olympique?
Aux Jeux olympiques, je peux dire maintenant que j’aurai tout fait. A Vancouver en 2010, j’ai déclaré les Jeux ouverts pendant la cérémonie d’ouverture. A Londres en 2012, j’étais le Grand témoin de la francophonie. A Rio 2016, j’ai porté la flamme. C’était formidable. Mon parcours a été effectué dans un quartier très populaire de Rio de Janeiro, proche des familles, où la vie n’est pas simple. J’ai ressenti une grande proximité avec la population. Un moment de pur bonheur.