Aux Jeux de Rio 2016, le spectacle se laisse parfois aller à quitter les enceintes sportives. Il embrasse la culture. Rhodnie Désir (notre photo), une jeune artiste à la double origine, canadienne et haïtienne, propose un spectacle d’un genre peu commun, Bow’t, jeudi 18 août au Quai du Valongo, à Rio de Janeiro. La jeune femme est chorégraphe et danseuse. A son image, sa création mélange les genres.
Le projet est audacieux. Imaginé en 2013, Bow’t allie danse, rythmique, recherche, création et histoire. En prime, les représentations enrichissent une série de web documentaires, qui retracera le projet dans son intégralité. Le spectacle doit se jouer dans une quarantaine de pays. Il est soutenu financièrement par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le gouvernement du Québec, l’Office franco-québécois pour la jeunesse et le Centres des artistes du Québec.
A Rio de Janeiro, Rhodnie Désir a choisi pour se produire en un lieu riche en histoire. Le Quai du Valongo servait de zone de débarquement pour les quelques 2,5 millions d’esclaves arrivés en Amérique du Sud en provenance d’Afrique. Tout un symbole. Avec Bow’t, la jeune artiste aborde en effet le propos de la migration et de la déportation. Elle cherche à traiter par le geste et les sons la question de la traite négrière.
« Mon idée est de récréer l’oeuvre dans chacun des pays visités, explique Rhodnie Désir. Au Brésil, j’ai cherché à la recentrer sur la samba. Je rencontre les gens, je les écoute. Puis je deviens un canal de transmission. Avec mon spectacle, la mémoire et l’histoire se fracassent. »
Le spectacle proposé par Rhodnie Désir ne partage rien de plus, avec les Jeux de 2016, qu’un même lieu et une période commune. Il n’est pas olympique. Mais la jeune femme a observé la ville et ses habitants, depuis son arrivée au Brésil. Elle promené autour d’elle un regard attentif à « l’autre Rio de Janeiro », où l’ambiance olympique se vit, au mieux, devant un écran de télévision. « En tant qu’artiste, mon rôle est aussi de capter les deux rythmiques, celle des gens qui vivent les Jeux de l’intérieur, et celle de ceux qui en restent éloignés, pour qui la vie continue, explique-t-elle. En voyant tout cela, je me demande quel sera le vrai changement social, à Rio de Janeiro, dans 2, 3 ou 5 ans. » Bonne question.