Le feuilleton Ryan Lochte a connu un nouvel épisode aux Jeux de Rio. Un épisode au contenu très improbable, où les victimes d’un jour sont en train de devenir les accusés de l’affaire.
Selon l’un des policiers brésiliens en charge de l’affaire, cité par AP, les quatre nageurs auraient tout simplement inventé l’attaque à mains armées dont ils prétendent avoir été victimes plus tôt dans la semaine après une soirée passée dans la boîte de nuit du Club France à Rio de Janeiro.
S’exprimant sous condition d’anonymat, le policier a expliqué que l’un des nageurs a tenté de forcer la porte des toilettes d’une station-service où s’était arrêté le taxi les ramenant au village. Les trois autres nageurs, dont Ryan Lochte, l’auraient rejoint pour l’aider. Ils auraient finalement enfoncé la porte.
Un agent de la sécurité serait intervenu, mais sans violence. Puis le gérant de la station aurait demandé aux Américains de payer pour la réparation de la porte. Les nageurs auraient accepté de le dédommager.
La veille, mercredi 17 août, Jack Conger et Gunnar Bentz, deux des quatre nageurs américains, avaient été interpellés au moment de quitter le Brésil. Le comité olympique américain (USOC) a confirmé l’information, par la voix de son porte-parole, Patrick Sandusky: « Nous pouvons confirmer que Jack Conger et Gunnar Bentz ont été débarqués de leur avion pour les Etats-Unis par les autorités brésiliennes. Nous tentons d’obtenir davantage d’informations. »
Au milieu de la nuit, les deux hommes ont quitté l’aéroport à bord d’une voiture, devant une nuée de journalistes (notre photo). La police brésilienne a expliqué que Jack Conger et Gunnar Bentz étaient déjà à bord de l’avion lorsque les forces de l’ordre leur ont demandé de quitter l’appareil et de les suivre. Ils sont convoqués ce jeudi dans les locaux du département tourisme de la police de Rio.
Selon les médias américains, un troisième acteur de l’affaire, Jimmy Feigen, lui aussi nageur, était censé prendre le même avion que ses deux partenaires, mais il ne s’est pas pointé à l’aéroport. Il serait introuvable, mais le San Antonio Express-News croit savoir qu’il serait toujours au Brésil.
Ces interpellations surviennent alors qu’une juge de Rio, Keyla Blank, a relevé « certaines incohérences » dans les témoignages de quatre nageurs américains. « Il est à noter que les victimes sont rentrées physiquement et mentalement en pleine forme, au point de plaisanter entre eux », a souligné la juge. Keyla Blank se base sur des images enregistrées par les caméras de sécurité à leur retour au village olympique.
D’autres images de vidéo-surveillance mettent également en doute la version des nageurs. L’un des Américains a été filmé alors qu’il cassait la porte des toilettes de la station-service où les nageurs s’étaient arrêtés. Les images le montreraient en train de se battre avec un agent de sécurité. Les médias américains rapportent que les quatre athlètes étaient en état d’ébriété très avancée au moment du présumé incident.
Plus troublant: Ryan Lochte, le plus connu des quatre nageurs, multiple médaillé olympique, a changé sa version des faits. Rentré dès mardi aux Etats-Unis, il s’est exprimé dans l’émission Today sur la chaîne NBC. Alors qu’il avait dans un premier temps affirmé qu’une arme à feu avait été braquée sur lui au niveau de sa tempe, Ryan Lochte a rectifié en indiquant que le pistolet était simplement braqué dirigé dans sa direction. Il est également revenu sur le lieu de l’agression. Après avoir initialement indiqué que leur taxi avait été arrêté sur la route par des malfaiteurs et qu’ils avaient été détroussés dans la foulée, Ryan Lochte a indiqué sur NBC que le braquage avait en réalité eu lieu aux abords des toilettes d’une station-service.
