Dans la course aux Jeux de 2024, les Jeux de Rio ont pris l’allure d’un mât de cocagne pour les villes candidates. Les membres du CIO s’y rencontraient à tous les coins de rue, les médias se comptaient par milliers, et il leur était autorisé par le règlement de tenir une conférence de presse et s’offrir un stand aux couleurs du projet olympique. A l’heure du baisser de rideau, Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024, est revenu pour FrancsJeux sur l’expérience et les leçons de la quinzaine brésilienne.
FrancsJeux : Qu’attendiez-vous des Jeux de Rio 2016 pour la candidature parisienne ?
Etienne Thobois : Nous en attendions beaucoup. Les Jeux constituent une occasion unique de rencontrer tous les acteurs du mouvement sportif, fédérations internationales, CIO et athlètes, pour leur présenter notre projet, échanger avec eux, écouter ce qu’ils ont à nous dire. Nous étions venus à Rio de Janeiro avec cet objectif. Il est atteint. Mais nous voulions aussi profiter de l’événement pour observer la façon dont les Brésiliens ont organisé leurs Jeux. Douze d’entre nous, dans l’équipe de candidature, ont participé au programme des observateurs proposé par le CIO. Enfin, nous avions emmené certains partenaires, économiques et institutionnels, pour qu’ils découvrent les Jeux. Leur présence à nos côtés a montré, je crois, l’unité derrière notre candidature.
Avez-vous rencontré à Rio de Janeiro les gens que vous souhaitiez approcher ?
Oui. A une seule exception, nous avons été en contact avec toutes les fédérations internationales. Concernant le CIO, nous souhaitions rencontrer, d’une façon ou d’une autre, tous ses membres, y compris les nouveaux entrants. Nous avons pu être très efficaces. Au final, nous ne sommes pas loin du compte. Anne Hidalgo, la maire de Paris, était présente dès le début de la session du CIO. Elle est restée 15 jours à Rio. Elle a rencontré beaucoup de monde.
Quels ont été les retours de toutes ces rencontres ?
Ils sont très positifs. Notre projet est reconnu et apprécié. Notre vision des Jeux, qui engage la société toute entière, a séduit.
Un sujet a-t-il dominé les questions posées aux Jeux par vos interlocuteurs, au CIO ou dans les fédérations internationales ?
La sécurité. Tout le monde a été très marqué par les événements survenus en France au cours des derniers mois. Mais les réponses apportées par l’Euro de football montrent que la France sait sécuriser les grands événements sportifs. Pour le reste, les questions ont tourné autour du triptyque sites, hébergement, transport.
Le comité olympique français (CNOSF) avait vu grand avec un Club France, à la Société hippique de Rio, ouvert au public du premier au dernier jour. Quel rôle a-t-il joué pour la candidature ?
Le Club France a été une grande réussite. Cet espace de célébration a vu passer en moyenne 4 000 personnes par jour, avec un public très international. 5 à 700 personnes par jour sont venues sur le stand de Paris 2024. Le CNOSF avait consacré un vaste espace à la pratique sportive, notamment pour les jeunes. Certains jours, 1 000 gamins y sont venus faire du sport. Le Club France était à l’image de notre candidature, un mélange de sport et d’ouverture sociale.
Pour Paris 2024, y aura-t-il un avant et un après Rio 2016 ?
Oui. Nous allons renforcer dans notre message l’importance de la compacité des sites. A Rio, la géographie de la ville a rendu complexe la question des transports. Pour nous, Paris est un village. C’est une chance. Nous allons également travailler encore le concept de la célébration. Le Boulevard olympique proposé par les Brésiliens a été très intéressant. Nous aurons la chance de pouvoir en imaginer un équivalent, mais plus central qu’à Rio de Janeiro. Après ces Jeux de 2016, nous allons entrer dans une nouvelle phase.
Les Jeux de Rio ont été les plus suivis de l’histoire sur les nouveaux médias, en particulier les réseaux sociaux. Sur ce terrain, la candidature de Los Angeles n’a-t-elle pas quelques longueurs d’avance ?
Nous ne regardons pas ce que font les autres candidatures. Mais je ne crois pas que Paris soit en retard. La ville a beaucoup fait, ces dernières années, pour transformer son image. Elle est engagée dans une dynamique. Aujourd’hui, Paris compte deux fois plus de start-up que Londres. Nous venons de recruter, dans l’équipe de candidature, une directrice de marque pour donner une grande cohérence à nos plateformes et outils digitaux. Nous allons encore accélérer l’allure sur les nouveaux médias.