Chaotique. Moins d’une semaine après les Jeux de Rio, où ses athlètes ont raflé 13 médailles, dont 6 en or, le Kenya serait en droit de fêter ses héros et rouler des mécaniques. Le pays pointe à la 15e position du classement des médailles, un rang devant la Jamaïque. A la place, ses autorités sportives se déchirent. Et le désordre s’installe. Jeudi 25 août, le ministre des Sports Hassan Wario a annoncé la dissolution du comité national olympique. Rien de moins. En réaction, le comité en question lui a opposé une fin de non recevoir.
« Je dissous le Comité national olympique (NOCK) avec effet immédiat », a asséné le ministre des Sports lors d’une conférence de presse organisée à Nairobi ». Avant d’expliquer, sans avoir l’air de plaisanter, vouloir transférer les responsabilités du NOCK à un organisme gouvernemental, Sport Kenya, créé en 2013. A charge pour cette organisation de fixer sans tarder un calendrier pour l’élection des nouveaux membres de l’institution olympique.
« Les allégations à l’encontre du Comité national olympique sont une menace immense envers la stabilité et la réputation des Jeux olympiques dans le pays, » a ajouté Hassan Wario. Réaction immédiate du NOCK, par la voix de son secrétaire général, Francis Paul: « Nous ne quitterons pas nos bureaux et en ce qui nous concerne, nous sommes toujours en fonction. » Selon lui, le comité olympique ne dépend pas du gouvernement kényan, encore moins de son ministre des Sports. La volonté de ce dernier de le dissoudre n’a donc pas la moindre valeur.
La raison de tout cela? Une manœuvre du ministre des Sports pour trouver un responsable aux nombreux dérapages et erreurs de parcours survenus pendant les Jeux de Rio. Une gestion pour le moins chaotique de la préparation et du séjour olympiques dont beaucoup lui attribuent la responsabilité. Attaquer avant d’être frappé, en somme.
Rien n’a été simple pour les athlètes kényans aux Jeux de Rio. Citons, parmi les nombreux incidents, le vol de plusieurs tenues sportives officielles, la présence au sein de la délégation d’officiels aux fonctions obscures, les retards dans la réservation des billets d’avion, le cafouillage dans les demandes d’accréditations… Au départ de Nairobi pour Rio de Janeiro, début août, le champion du monde du javelot, Julius Yego, a découvert une fois à l’aéroport qu’aucun billet n’avait été réservé à son nom.
La moisson réalisée par les athlètes aux Jeux aurait pu assainir la situation. Elle n’a malheureusement rien réglé. La quinzaine olympique bouclée, les ennuis ont surgi à nouveau. Le capitaine de l’équipe, Wesley Korir, a révélé que plusieurs des membres de la délégation, dont la championne olympique de marathon, Margaret Wambui, avaient été contraints de séjourner dans un bidonville de Rio de Janeiro après la fermeture du village olympique. Il a posté une image des lieux sur son compte Twitter (ci-dessous). Et expliqué que la délégation avait entendu des coups de feu pendant la nuit et reçu des messages leur commandant de quitter au plus vite leur logement.
A en croire Wesley Korir, ce séjour forcé s’expliquerait par la volonté des dirigeants kényans de dénicher des billets d’avion au plus bas prix possible. Edifiant.