Jour 9 pour les Jeux paralympiques de Rio de Janeiro. L’événement entre dans sa dernière ligne droite. Ouvert mercredi 7 septembre au stade Maracana, il baissera son rideau dans la soirée du dimanche 18 septembre. Après 8 jours de compétition, jeudi, la Chine menait largement la course au classement des nations, avec le total astronomique de 191 médailles, dont 84 en or. La Grande-Bretagne suit à distance (107 médailles, dont 48 titres), devant une surprenante Ukraine (92/35), les Etats-Unis (92/30) et l’Australie (60/14). Le Brésil, pays-hôte, pointe au 7ème rang, avec 53 médailles, dont 10 en or.
L’événement a failli ne jamais voir le jour. Il a été sauvé in extremis par un geste financier du gouvernement brésilien, un chèque d’environ 70 millions d’euros, au comité d’organisation. A moins d’un mois de l’ouverture, les organisateurs envisageaient encore le pire, ayant seulement écoulé 200.000 billets pour les épreuves paralympiques.
A l’entame du dernier week-end, les Jeux de Rio 2016 sont un succès. Populaire, avant tout. Jeudi 15 septembre, le comité d’organisation a annoncé avoir dépassé la barre des 2 millions de places vendues. L’objectif des Brésiliens, écouler 2,4 millions de tickets, semblait à l’origine totalement hors de proportion. Il ne sera peut-être pas atteint, mais à coup sûr approché de très près. Dans tous les cas, les Jeux paralympiques de Rio s’inscrivent déjà dans l’histoire comme les deuxièmes les plus populaires depuis la création de l’événement, en 1960 à Rome. A Londres, en 2012, ils avaient attiré 2,7 millions de spectateurs payants. Un record.
A l’heure de dresser un premier bilan, les Brésiliens attribuent cet improbable succès populaire à un effet Jeux olympiques, à une politique de prix des places tirée vers le bas (les plus abordables sont proposées à 10 reals, soit moins de 3 euros), à un effet d’entraînement après la réussite de la cérémonie d’ouverture. Ils l’expliquent également par une initiative inédite, #FillTheSeats, imaginée et mise en route par le Britannique Greg Nugent, le directeur du marketing des Jeux de Londres en 2012.
L’opération a consisté en un appel aux dons afin de pouvoir inviter aux épreuves paralympiques le plus grand nombre possible d’écoliers et lycéens de Rio de Janeiro et de ses alentours. L’initiative a profité, peu après son lancement, du soutien très médiatique du groupe Coldplay. A la veille de l’ouverture des Jeux, le Prince Harry de Grande-Bretagne lui a également donné un sérieux coup de pouce par une donation personnelle. Son montant n’a jamais été communiqué. Le groupe sud-coréen Samsung a contribué à hauteur de 50.000 dollars.
#FillTheSeats ambitionnait de récolter assez d’argent, au moins 15.000 dollars, pour inviter 500 à 1.000 jeunes Brésiliens aux Jeux paralympiques. L’objectif ayant été atteint en quelques jours, la barre a été relevée. Puis encore relevée. Au dernier pointage, l’opération de financement participatif aurait rassemblé environ 400.000 euros. Au dernier soir des Jeux, elle aura permis à 15.000 scolaires d’assister à une ou plusieurs épreuves paralympiques.
Succès populaire, mais également réussite sportive. Sur le terrain, les Jeux de Rio 2016 ont souvent atteint les sommets du genre. Ils ont donné naissance à une imposante colonie de figures du mouvement paralympique, dont les parcours et les performances ont contribué à l’impact médiatique de l’événement. Les trois médaillés de l’épreuve du 1.500 m en classe T13 en font partie (photo ci-dessous). Ils ont bouclé leur épreuve plus rapidement que le champion olympique de la distance aux Jeux de Rio, l’Américain Matthew Centrowitz, vainqueur le mois dernier en 3’50 » d’une course essentiellement tactique. Son chrono a été surpassé par les 4 premiers de la finale paralympique, dont le vainqueur, l’Algérien Abdellataif Baka (3’48 »29).
L’Américain Matt Stutzman peut lui aussi revendiquer sa part de gloire. Surnommé « l’archer sans bras », il a manqué d’un rien une place sur le podium. Sa compétition terminée, il a longuement expliqué aux médias que son prochain objectif était de décrocher une médaille aux Jeux de Tokyo, mais qu’il envisageait d’ici là de tenter sa chance avec les valides. « Je veux participer, dès l’an prochain peut-être, aux étapes de la Coupe du Monde. Je veux concourir avec les meilleurs, avec des archers comme Brady Ellison (triple médaillé olympique) ».
Morteza Mehrzad a gagné lui aussi à sa façon une place dans l’album des Jeux paralympiques. Le volleyeur iranien n’est pas seulement le plus grand des participants aux Jeux de Rio. Il s’avère également être le plus grand Iranien vivant. Morteza Mehrzad mesure 2,46 m. Victime d’un grave accident de vélo à l’âge de 16 ans (sa jambe droite est plus courte de 20 cm), il a été repéré par un entraîneur de volley-ball assis à l’occasion d’un reportage à la télévision iranienne. « Avant de se lancer dans le sport, les gens en Iran le regardaient d’un drôle d’air. Maintenant, ils veulent se faire prendre en photo à ses côtés », a raconté son coach au New York Times.