Le résultat peut surprendre. Mais le message ne manque pas de force. Le CIO a décerné ses trophées annuels « Femme et Sport », lundi 7 novembre, au SwissTech Convention Centre de Lausanne. Pour la première fois depuis l’édition inaugurale de l’événement, en 2000, la récompense la plus prestigieuse de la soirée a été remise à un homme. Dagim Zinabu Tekle, un journaliste sportif éthiopien, a été distingué par le trophée mondial. Une première. Il succède au comité olympique néo-zélandais, reparti l’an passé de la capitale olympique en ramenant au pays la symbolique statuette.
Au crédit du journaliste, un programme de radio dont l’impact et l’influence n’ont cessé de grandir en Ethiopie. En 2011, Dagim Zinabu Tekle lance sur les ondes une émission nouvelle, nommé « Lisan Women’s Sport Radio Programme ». Son objectif: encourager les Éthiopiennes, notamment les plus jeunes, à se mettre au sport, ou au moins à pratiquer une activité physique.
En cinq années de diffusion, à raison de trois émissions par semaine, le programme a gagné en audience. Dagim Zinabu Tekle a reçu dans son studio 12.580 invités, dirigeants sportifs, entraîneurs, athlètes amateurs ou professionnels, tous engagés à des degrés divers dans le sport féminin et son développement sur le continent africain. Selon un communiqué du CIO, le programme du journaliste éthiopien a largement contribué à faire connaître ces femmes et à « sensibiliser l’opinion » à leurs réussites et accomplissements.
« Ce trophée n’est pas seulement pour les femmes, a commenté Dagim Zinabu Tekle. Il est pour tous ceux, hommes et femmes, qui agissent pour la parité. J’ai créé cette émission de radio car j’ai réalisé que, en Ethiopie, les femmes n’avaient pas droit à la parole et n’étaient pas écoutées. »
Le journaliste éthiopien a expliqué, en recevant son trophée des mains de Thomas Bach, qu’il publiait également un magazine destiné aux sportives et organisait une cérémonie annuelle de remise des trophées du sport féminin. « Mais cette distinction du CIO va m’inciter à rêver encore plus grand. Je veux maintenant créer la première émission de télévision en Ethiopie dédiée au sport féminin, pour sensibiliser encore plus l’opinion, non seulement dans mon pays, mais également dans les régions voisines. »
Pour le reste, la soirée de Lausanne s’est révélée plus conforme aux prévisions. Les cinq trophées continentaux ont tous été décernés par le CIO à des femmes. Logique.
Pour l’Afrique, la récompense a distingué le travail de la Rwandaise Felicite Rwemarika, fondatrice de l’Organisation pour les Femmes et le Sport à Kigali. Elle a longtemps milité pour la création d’un Conseil national des femmes dans le sport au Rwanda.
Le trophée américain a été remis Carole Oglesby, une militante de la première heure de l’égalité dans le sport aux Etats-Unis, professeure à la Temple University à Philadelphie, présidente de l' »Association of Intercollegiate Athletics for Women. »
La Philippine Maria Leonor Estampador a été invitée par Thomas Bach à recevoir à la tribune le trophée « Femme et Sport » pour le continent asiatique. Première femme à assurer un rôle d’entraîneur national d’escrime aux Philippines, elle travaille actuellement comme manager à l’Association asiatique d’escrime.
Le trophée pour l’Europe est revenu à la Danoise Majken Gilmartin, connue pour ses activités de coach de football et ses nombreuses initiatives au service du sport féminin. Elle a été à l’origine de la création d’un tournoi de football, la « United Nations Global Goals Cup ».
Enfin, l’Australienne Moya Dodd a reçu, sans surprise, le trophée du CIO au titre du continent océanien. L’ancienne joueuse internationale a été cooptée en 2013 pour entrer à la commission exécutive de la FIFA.