— Publié le 25 novembre 2016

Pour Tokyo 2020, le Japon enclenche la marche arrière

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Thomas Bach peut respirer, les fédérations internationales déboucher le champagne et les athlètes pousser un soupir de soulagement: les organisateurs des Jeux de Tokyo 2020 devraient, selon plusieurs sources proches du dossier, faire marche arrière toute dans leur projet de délocaliser les sites de compétition. La décision n’est pas encore officielle. Elle ne devrait pas l’être avant le milieu de la semaine prochaine. Mais la presse nationale l’évoque déjà comme une quasi-certitude.

Effrayée par l’ampleur des dépenses, et par une vertigineuse inflation des coûts des Jeux, la nouvelle gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, avait missionné en septembre dernier un groupe d’experts pour mettre son nez dans le dossier olympique. Ses conclusions se sont révélées radicales: une refonte en profondeur de la carte des sites, au mépris de la promesse de la candidature japonaise d’organiser la grande majorité des épreuves dans un rayon de 8 km autour du village des athlètes.

Victimes désignées: l’aviron et le canoë-kayak, dont le groupe d’experts suggérait de situer les compétitions à plus de 400 km au nord-est de Tokyo; le volley-ball, envoyé dans une salle déjà existante à Yokohama; et enfin la natation, pour laquelle les experts proposaient d’abandonner l’idée de construire un nouveau complexe olympique.

Selon la presse japonaise, citant des sources internes anonymes mais bien informées, ces différentes options seront très bientôt envoyées dans les oubliettes de l’histoire. Une réunion de la commission quadripartite (CIO, comité d’organisation, autorités nationales et gouvernement de Tokyo) doit se tenir mardi 29 novembre 2016. Sauf improbable retournement de situation, elle devrait confirmer les informations des médias japonais et annoncer le retour au projet initial.

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Dans le cas de l’aviron et du canoë-kayak, les deux sports les plus sévèrement touchés par la volonté de réduction des dépenses manifestée par Yuriko Koike, l’option d’une délocalisation du site à Naganuma, dans la préfecture de Miyagi, n’est plus d’actualité. Son coût s’est révélée plus important que prévu. Surtout, l’abandon du projet initial, prévu à Sea Forrest, dans la baie de Tokyo, obligerait les organisateurs des Jeux à verser une somme colossale (on parle d’une centaine de millions d’euros) aux différentes entreprises concernées par la construction du bassin olympique. Mais le complexe de Sea Forrest devrait, selon les sources citées par la presse japonaise, être partiellement temporaire. Les tribunes, notamment, ne resteront pas en place une fois les JO terminés.

Concernant le volley-ball, menacé d’aller jouer ses tournois olympiques à Yokohama, la tendance serait à une brusque marche arrière. L’option Yokohama s’était avérée très économique (moins de 7 millions d’euros). Elle avait même reçu le feu vert du CIO. Mais selon la presse japonaise, la FIVB et le comité d’organisation auraient estimé, après un examen poussé du dossier, que la salle proposée ne pourrait pas permettre aux équipes de s’échauffer dans des bonnes conditions.

Dans un communiqué envoyé à FrancsJeux, la Fédération internationale de volley-ball précise: « La FIBV a rencontré la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, et eu avec elle un échange très positif et constructif concernant le site proposé pour les épreuves de volley-ball des Jeux de 2020. La FIVB a exprimé son engagement à travailler avec le gouvernement de Tokyo, le comité d’organisation des Jeux, la Fédération japonaise de volley-ball et toutes les parties prenantes afin de trouver des solutions pour réduire les coûts. Ceci assurera que – en célébration de la première apparition du volley aux Jeux olympiques à Tokyo en 1964 – le site de compétition demeure au cœur de la ville et assure un héritage durable pour la population. La FIVB ne doute pas que cette étroite collaboration avec toutes les parties prenantes permettra de proposer un site de classe mondiale, et que conserver la discipline au cœur de la ville et des Jeux aidera Tokyo à accueillir l’une des meilleures éditions des Jeux de l’histoire. »

Enfin, même retour au projet de la candidature pour la natation. Les épreuves des Jeux de 2020 devraient finalement se tenir à Koto Ward, dans un complexe aquatique à construire. La facture ne sera pas anodine. Mais le choix de tribunes temporaires pourrait nettement l’alléger. Une option proposée par les Japonais consisterait à réduire la capacité de la piscine de 20.000 à 5.000 places après les Jeux paralympiques, un choix expérimenté avec succès par les JO de Londres en 2012.

« Les quatre parties se sont mises d’accord pour ne faire aucune annonce officielle avant d’être arrivées à une conclusion finale », a fait savoir le comité d’organisation de Tokyo 2020 dans un communiqué. Patience.