Le timing n’aurait pas pu être mieux choisi. Deux jours seulement après la conclusion à Tokyo de la réunion de débriefing des Jeux de Rio, où il a surtout été question de gros sous et de comptes à la hausse, l’équipe de Los Angeles 2024 a dévoilé vendredi 2 décembre son budget olympique. Le document semble de nature à rassurer un comité olympique secoué par la facture finale des JO de Rio 2016 (10 à 12 milliards de dollars), et plus encore par les prévisions alarmistes des Jeux de Tokyo 2020 (objectif: 18 milliards de dollars).
Les Californiens promettent un événement olympique à bas prix, sans risque de dépassement ni crainte de dérapages financiers. Casey Wasserman, le président de Los Angeles 20014, en résume la vision avec cette formule: « Un budget sans surprise ». Il ajoute: « Notre projet offre stabilité et risque minimum pour la ville de Los Angeles et pour le mouvement olympique. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans son dossier de candidature, dont les éléments budgétaires doivent figurer dans le 3ème et dernier dossier, à remettre au CIO le 3 février prochain, Los Angeles 2024 propose des Jeux à 5,3 milliards de dollars. Le calcul est simple: ils coûteraient moins de la moitié de ceux de Rio 2016, et environ un quart des projections établies pour Tokyo 2020.
Les postes recettes et dépenses affichent le même chiffre, 5,3 milliards de dollars, pour un résultat équilibré au dollar près. Le budget prévoit un fond de réserve de 491,9 millions de dollars, censé pouvoir éponger d’éventuels imprévus.
A la différences des éditions précédentes, les Américains ont fait le choix d’un seul budget, où seraient réunies les dépenses liées directement aux Jeux et celles relatives aux constructions durables. Un tour de passe-passe audacieux, rendu possible par un dossier de candidature où il n’est prévu aucune nouvelle construction. Selon les données fournies par LA 2024, pas moins de 85% de sites sont déjà en place. Le village olympique existe, il serait installé sur le campus de UCLA. Plus d’une trentaine d’équipements de compétition ou d’entraînement font déjà partie du décor ou, précise l’équipe américaine, seront rénovés ou construits dans tous les cas, Jeux ou pas, avec des fonds privés.
Malgré tout, le poste de dépenses le plus important du budget dévoilé vendredi 2 décembre concerne les installations sportives, leur modernisation ou l’installation de structures temporaires. Il est estimé à 1,1 milliards de dollars, soit 22,6% des prévisions budgétaires.
Les transports? Les infrastructures? La sécurité? Ils ne figurent pas au budget. Selon l’équipe californienne, les autorités locales ont déjà budgété plus de 200 millions de dollars de dépenses avant même le dépôt du premier dossier de candidature. Elles ne dépendent donc pas des Jeux et n’ont pas à figurer dans le budget olympique. Implacable logique. Ainsi, 208 milliards de dollars seront consacrés aux routes et aux transports en commun, 14 milliards de dollars à l’agrandissement de l’aéroport international de Los Angeles. Quant à la sécurité, elle est de la responsabilité du gouvernement fédéral.
Au rayon recettes, les Américains tablent sur 1,93 milliards de dollars de sponsoring national (36,4%), 1,47 milliards de dollars issus de la billetterie (27,8%), et 1,3 milliards de dollars versés par le CIO au titre de la redistribution des droits TV et des recettes de partenariats (24,6%). Au premier regard, les prévisions concernant la billetterie semblent très optimistes. Et il n’est pas prévu, dans le budget, le moindre indice d’inflation pour les 7 prochaines années jusqu’en 2024.
« Nous pensons qu’un budget à l’équilibre, avec un fonds de contingence d’un montant significatif, est une première dans l’histoire des candidatures olympiques », suggère Casey Wasserman, le président de Los Angeles 2024 (photo ci-dessus). Le Californien ajoute: « Si L.A était choisie pour les Jeux de 2024, le CIO n’aurait pas à s’inquiéter d’un budget à la hausse, de sites délocalisés ou de la moindre incertitude concernant l’organisation. »
Le budget de Los Angeles 2024 a été audité et vérifié par un cabinet indépendant, KPMG. Il sera discuté vendredi 9 décembre lors de la prochaine réunion de la commission ad hoc du Conseil municipal de la ville californienne.