Une fumée blanche s’est échappée des cheminées du siège du CIO, lundi 5 décembre, en milieu d’après-midi. Elle n’a pas annoncé l’arrivée d’un nouveau « cardinal » dans l’univers olympique, mais la fin des hostilités entre l’institution basée en Suisse et l’Agence mondiale antidopage (AMA). Le calme après la tempête. Le temps des formules de politesse après celui des échanges de coups bas.
La fumée blanche a été accompagnée d’un courte annonce du service de presse du CIO: Thomas Bach et Craig Reedie, le président du Comité international olympique et celui de l’AMA, se sont rencontrés le jour même. En soi, rien de renversant. Les deux hommes font partie de la commission exécutive du CIO, laquelle doit se réunir à Lausanne, entre ce mardi et jeudi 8 décembre, pour trois journées de réunion où il devrait être question de dopage en salle de causerie tout autant que dans les couloirs. Mais leur entrevue est présentée comme une forme d’événement.
Le communiqué du CIO suggère le début d’une nouvelle ère entre les deux hommes, et par extension entre les deux organisations. « L’ambiance a été très positive aujourd’hui pendant notre réunion, a expliqué Thomas Bach. Je suis très heureux que nous ayons pu clarifier ce qui avait pu être perçu comme des malentendus. Nous sommes tombés d’accord pour continuer à travailler ensemble au renforcement de la lutte antidopage sous l’autorité de l’AMA. »
Même son de cloche dans la partie adverse. « Nous avons eu une discussion très constructive dans une bonne ambiance, a assuré Craig Reedie. Nous partageons l’ambition commune de renforcer la lutte contre le dopage et de protéger les athlètes propres. Pour cela, nous allons coopérer de façon étroite. »
La fin des hostilités? L’avenir répondra. Une chose est sûre: le CIO et l’AMA se devaient de parler la même langue au début d’une semaine où le dopage devrait dominer l’actualité. Une semaine qui doit se conclure, vendredi 9 décembre, par la publication du dernier volet du rapport McMaren. Il leur fallait en finir avec leur guerre des mots et des actes, dont le point culminant a été atteint avant les Jeux de Rio. L’Agence mondiale antidopage avait appelé le CIO à exclure en bloc la Russie, après les révélations du rapport McLaren sur un dopage d’état dans le sport russe. Mais le CIO lui avait opposé une fin de non-recevoir, laissant aux fédérations internationales le soin de balayer devant leur propre porte.
Depuis, Craig Reedie a connu des temps difficiles. Le mois dernier, son intervention devant l’assemblée générale des comités nationaux olympiques (ACNO), réunie à Doha, a été pour lui un grand moment de solitude. Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, le président de l’ACNO, lui a vertement reproché le mauvais timing du rapport McLaren, avant de suggérer que l’AMA pourrait à l’avenir déménager de Montréal à Genève et, surtout, être présidée par une personnalité « neutre ». Quelques jours plus tard, le dirigeant écossais a retrouvé des couleurs, sur ses propres terres, en obtenant lors du Conseil de la Fondation de l’AMA, à Glasgow, un nouveau mandat de trois ans à la tête de l’organisation.
L’entrevue « constructive et positive » entre Thomas Bach et Craig Reedie, lundi 5 décembre 2016 à Lausanne, offre l’immense mérite de purifier l’air avant la réunion de trois jours de la commission exécutive du CIO, de mardi à jeudi. Son ordre du jour s’accommode en effet assez mal d’une bataille de positions. Il s’annonce chargé.
Au rayon dopage, le plus volumineux de la semaine, le CIO doit se pencher sur un premier bilan de la vaste opération de ré-analyse des échantillons des Jeux de 2008 et 2012. A ce jour, 103 d’entre eux ont été déclarés positifs sur les 1243 vérifiés. Saisissant. L’organisation olympique doit étudier, au cas par cas, la redistribution des médailles des JO de Pékin et Londres.
Pour le reste, la commission exécutive doit entendre une série de rapports sur les Jeux de Rio 2016, PyeongChang 2018 et Tokyo 2020. Elle écoutera également Frankie Fredericks, le président de la commission d’évaluation des Jeux de 2024, se livrer à un point à date du processus de candidature. Enfin, il faudra à l’organe de décision du CIO statuer sur les sites des cinq nouveaux sports admis aux Jeux de Tokyo 2020: le baseball/softball à Yokohama Stadium, le karaté au Nippon Budokan, l’escalade et le skateboard dans la baie de Tokyo, et enfin le surf à Chiba.