Rien n’est jamais simple en Amérique du Sud lorsqu’il est question de préparer un événement sportif majeur. Après le Brésil et les Jeux de Rio 2016, au tour du Pérou et des Jeux Panaméricains à Lima en 2019 de traverser une période de gros temps.
Alors que le comité d’organisation (ODEPA) a célébré dernièrement J – 1.000 jours avant l’ouverture, dans l’indifférence de la population et des médias, le comité olympique péruvien (COP) fait face à une averse de plaintes. Il est l’objet depuis plusieurs semaines de soupçons de corruption. Son président, José Quiñones Gonzalez, vient d’être condamné par le Tribunal de justice sportive de l’état péruvien à une suspension de 5 ans et l’interdiction d’exercer la moindre activité de dirigeant.
Quant au secrétaire général du COP, Francisco Boza Dibos, il est suspecté de faire partie d’une bande criminelle organisée. Il risque une mise en détention provisoire de 18 mois en préambule à son procès.
Dans le même temps, les deux hommes sont confrontés, conjointement avec le président de l’Instituto Peruano del Deporte (IPD), Saul Barrera Ayala, à un procès pénal dans lequel une peine de 5 années d’emprisonnement a été requise pour malversations, corruption de fonctionnaires, détournement de fonds et péculat.
Le dossier n’est pas mince. La Contraloria de la Republica, équivalent péruvien de la Cour des Comptes, s’intéresse de près à l’utilisation par le comité national olympique des sommes d’argent public versées par l’IPD pour financer divers événements sportifs internationaux entre 2012 et 2014. Dans certains cas, l’argent semble avoir disparu. Le Procureur de la République a entamé une procédure judiciaire contre une quinzaine de personnes.
Autre point noir: le versement au comité d’organisation des Jeux Panaméricains 2019 à Lima du premier acompte de la subvention de l’Etat, un peu plus de 3 millions de dollars. Il ne serait jamais arrivé à destination. L’argent aurait été utilisé par le COP à d’autres fins que la préparation de l’événement.
Trois ans après leur attribution au Pérou, les Jeux Panaméricains en sont toujours au point mort. Le ministre de l’Education, jugé en grande partie responsable de l’inertie du comité d’organisation, a été maintenu à son poste. La construction, ou la rénovation, des sites de compétition n’a pas débuté. Le terrain destiné au village des athlètes n’est toujours pas constructible. La version définitive du dispositif n’est pas encore validée. Rien n’a encore été décidé concernant les mesures d’accessibilité de la ville, pourtant indispensables dans le cadre de l’organisation de la version handisport des Jeux Panaméricains 2019. Enfin, le budget de l’événement n’a même pas encore été officiellement présenté.
Au Pérou, la grogne monte. Des voix de plus en plus fortes se font entendre pour demander purement et simplement l’arrêt du projet. Les opposants mettent en avant les risques de dépassement du budget. Surtout, ils estiment que le pays devrait plutôt investir dans les secteurs déclarés en urgence, comme la santé, l’éducation ou la sécurité. A moins de 1.000 jours de la cérémonie d’ouverture, Lima 2019 prend déjà l’allure d’un fiasco.