Singulier mélange des genres. En un seul communiqué, tout juste quelques poignées de lignes, l’IAAF et son président, le Britannique Sebastian Coe, ont réussi à faire souffler le chaud et le froid sur l’athlétisme russe. Et cela, dès le troisième jour d’une année 2017 annoncée comme celle de la rédemption.
Mardi 3 janvier, l’IAAF a publié un communiqué tout entier consacré à la situation de l’athlétisme russe. En apparence, une forme de feuille de route à l’usage des athlètes russes désireux de retrouver un couloir ou un dossard sur la scène internationale malgré la suspension de leur fédération. Ils sont nombreux. Mais le document semble de nature à leur inspirer autant de crainte que d’espoir.
La mauvaise nouvelle, d’abord. Dans son communiqué, la Fédération internationale d’athlétisme précise avoir reçu « près de 200 noms d’athlètes russes transmis par l’équipe d’enquête de McLaren ». Un contingent de potentiels tricheurs nettement plus fourni que prévu. Deux cents noms, soit largement assez pour composer plusieurs équipes nationales. L’IAAF explique vouloir désormais « évaluer les preuves et les informations contenues dans le rapport McLaren et ailleurs pour les athlètes qui postulent au statut de sportif neutre. »
L’espoir, maintenant. Dans l’attente d’une levée de la suspension de la Fédération russe d’athlétisme, à l’échéance encore très incertaine, l’IAAF ouvre la porte à ses athlètes. Elle a publié à leur intention une liste de critères à remplir pour obtenir le droit de disputer, à titre individuel et sous couleurs neutres, les compétitions du calendrier international en 2017.
Sur le fond comme sur la forme, les exigences imposées par l’IAAF diffèrent peu des critères établis en juin dernier, avant les Jeux de Rio 2016. Une seule athlète, la sauteuse en longueur Darya Klishina, installée en Floride et entraînée par un coach américain, avait alors été en mesure d’y répondre.
« L’un des critères requiert des athlètes de ne pas être directement impliqués en aucune manière dans l’échec de leur fédération nationale dans la mise en place d’un système adéquat pour promouvoir des sportifs propres », écrit l’IAAF. Pas simple, surtout dans un système sportif encore très massivement centralisé. Pour le reste, les candidats à la réhabilitation devront présenter un passeport biologique sans tache, ne pas avoir travaillé avec un coach ou un médecin trouble, avoir été contrôlés régulièrement par une ou plusieurs unités de lutte antidopage indépendantes et validées par l’AMA, ne pas avoir l’un de leurs échantillons archivés dans l’attente d’une nouvelle analyse.
Combien seront-ils? Dmitriy Shlyakhtin, le nouveau président de la Fédération russe d’athlétisme, se montre très optimiste. Il estime à une cinquantaine le nombre d’athlètes russes qui pourraient répondre favorablement à ces critères et disputer avec un statut de neutralité les compétitions internationales en 2017. Le curseur passerait de 1 à 50 en seulement quelques mois. Difficile à imaginer, surtout avec une liste encore mystérieuse de 200 noms de potentiels tricheurs, transmise par Richard McLaren à Sebastian Coe comme cadeau de la nouvelle année.