— Publié le 6 janvier 2017

Au Maracana, les chats errants se sentent chez eux

Événements Focus

Triste réalité. Moins de quatre mois après la fin des Jeux paralympiques, le stade Maracana de Rio de Janeiro offre un spectacle de désolation. La mythique enceinte brésilienne, rénovée à grands frais pour le Mondial de football en 2014 et les Jeux en 2016, était censée constituer l’une des pièces maîtresses du « plan héritage » de la campagne olympique. Elle a servi de décor aux cérémonies d’ouverture et de clôture des derniers JO. Aujourd’hui, elle semble proche de l’abandon.

Une journaliste du quotidien brésilien O Globo a poussé la porte du Maracana en ce début d’année post-olympique. Son idée: vérifier par elle-même, en visitant les lieux du sol au plafond, la réalité concrète de l’héritage promis par les organisateurs des Jeux. Constater de visu, en arpentant les couloirs et le terrain, que la « legacy » annoncée au moment de la candidature n’était pas seulement un argument électoral.

Son reportage laisse peu de place au doute. Moins de cinq mois après le feu d’artifice final des Jeux olympiques de Rio, le stade Maracana est décrit comme une « cité fantôme » où les chats errants se sentent comme chez eux. « L’odeur de moisissure est indéniable », assure Carolina Oliveira Castro, la journaliste d’O Globo.

Dans les couloirs, le spectacle laisse perplexe. Les meubles des loges et des espaces d’hospitalité sont abandonnés et souvent détériorés. Les fils électriques sont apparents. Les écrans de téléviseur ont disparu.

Même constat dans les tribunes. Construit à la fin des années 40, le Maracana a été rénové pour la Coupe du Monde de football 2014. Coût des travaux: 600 millions de dollars. Sa capacité a été réduite à 78.000 places. Selon O Globo, environ 7.000 sièges auraient mystérieusement disparu depuis la fin des Jeux.

Plus bas, le terrain ne parvient pas à corriger l’impression. La pelouse est desséchée, elle s’échappe par endroits. La journaliste brésilienne explique en avoir arraché involontairement plusieurs plaques par le seul fait de marcher dessus.

undefined

A qui la faute? Les parties prenantes se renvoient la balle. Les autorités municipales accusent les organisateurs des Jeux d’avoir abandonné l’enceinte sitôt le rideau tombé sur les Jeux paralympiques. Ces derniers répondent avoir rempli leur contrat en livrant une enceinte conforme aux exigences de l’événement et d’en avoir assuré l’entretien et la maintenance jusqu’au dernier jour des compétitions.

En creusant un peu plus, O Globo a découvert que le sacro-saint concept d’héritage olympique, brandi par le CIO comme un paramètre décisif dans son évaluation des dossiers de candidature, résistait souvent mal aux attaques du temps. A Rio de Janeiro, une ligne de tramway avait été construite à l’occasion des Jeux dans la favela Complexo de Alemão. Il en avait coûté 65 millions de dollars, une dépense justifiée par l’héritage que les Jeux de 2016 allaient laisser à la ville et à ses habitants, en priorité les moins bien lotis. Seulement quelques mois ont passé, mais le tramway est déjà définitivement à l’arrêt. Le gouvernement de l’état de Rio a tout simplement cessé de payer la société choisie pour en assurer la maintenance.