Deux poids, deux mesures. Au lendemain de l’annonce par le Conseil de l’IAAF du prolongement jusqu’au mois de novembre de la suspension de l’athlétisme russe, l’actualité du dopage s’est déplacée d’un continent à l’autre. L’affaire du jour se situe aux Etats-Unis. En Californie. Elle n’est pas mince.
L’Agence américaine antidopage (USADA) l’a annoncé via un communiqué: Dawn Harper-Nelson, 32 ans, l’une des figures les plus emblématiques de l’athlétisme US, championne olympique du 100 m haies à Pékin en 2008, médaillée d’argent quatre ans plus tard à Londres, a été contrôlée positive. L’analyse d’un échantillon de ses urines, prélevé le 1er décembre 2016 à l’occasion d’un test hors compétition, a révélé la présence d’un produit au nom imprononçable, l’hydrochlorothiazide. Il figure sur la liste de l’AMA dans la catégorie des diurétiques et produits masquants.
En vertu des règlements de l’IAAF, Dawn Harper-Nelson aurait dû écoper d’une suspension de 2 ans, la règle en vigueur dans l’athlétisme pour une première infraction. Mais l’Agence américaine antidopage annonce l’avoir seulement sanctionnée d’une peine de 3 mois. Trois fois rien, en somme. Une anecdote. La suspension ayant débuté le 1er décembre, l’athlète américaine pourra s’aligner en compétition à partir du 1er mars 2017. Elle pourra ensuite envisager d’effectuer une saison estivale complète.
Pourquoi une telle clémence? Dans son communiqué, USADA précise avoir entendu les explications de Dawn Harper-Nelson, avoir mené sa propre enquête sur le cas, avoir tenu compte de ses antécédents, pour décider finalement d’infliger à l’athlète la plus réduite des sanctions. Trois mois.
A l’évidence, les explications de Dawn Harper-Nelson ont convaincu. Il faut dire que la championne olympique a su faire preuve d’un sens aiguisé de la communication, utilisant les réseaux sociaux pour défendre son cas. Elle a rédigé un long communiqué, publié sur son compte Twiter, où elle explique être traitée par son médecin pour de l’hypertension. Elle raconte avoir récemment été contrainte de se rendre aux urgences pour soigner une forte pression artérielle. Là, un médecin lui a prescrit un médicament. Dawn Harper-Nelson raconte n’avoir pas eu le temps et les moyens matériels de vérifier s’il ne contenait pas un produit interdit. Elle l’a pris.
L’athlète écrit également avoir coopéré avec l’IAAF et USADA dans cette affaire. Elle dit assumer l’entière responsabilité de son erreur. Elle invite également, toujours sur son compter Twitter, « tous les athlètes à faire preuve de prudence en vérifiant minutieusement tous les médicaments prescrits par le médecin. »
Résultat: la suspension de Dawn Harper-Nelson est déjà presque terminée, alors qu’elle vient seulement de débuter. L’Américaine devait participer samedi 4 février, à Melbourne, à la première étape des Nitro Athletics Series, un nouveau concept de compétitions d’athlétisme par équipes, imaginé et mis sur pied par les Australiens. Elle y avait renoncé peu de temps avant l’épreuve, sans donner d’explication à son forfait. On en connaît aujourd’hui la raison.