Usain Bolt est légendaire. Il le restera. Une médaille olympique en plus ou en moins dans sa collection personnelle ne modifiera pas le cours de l’histoire. Mais le poids de son palmarès de sprinteur dépend désormais de la décision d’une poignée de juges domiciliés à Lausanne.
Nesta Carter (photo ci-dessus, à gauche), son partenaire du 4×100 m, champion olympique en 2008 à Pékin puis quatre ans plus tard à Londres, a fait appel de sa suspension pour dopage. Il avait été sanctionné aux JO de Pékin, entraînant la disqualification du relais jamaïcain, où il faisait équipe avec Asafa Powell, Michael Frater et Usain Bolt. Les nouvelles analyses effectuées à la demande du CIO ont révélé la présence dans ses urines de traces de methylhexaneamine, un stimulant.
Nesta Carter avait jusqu’au jeudi 16 février pour faire appel de sa suspension devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Son avocat, Stuart Simpson, l’a confirmé: le dossier est parti dans les temps, jeudi, par voie électronique. Une version papier devrait parvenir au TAS, à Lausanne, dans la journée de ce vendredi 17 février. La date de l’examen de l’appel n’a pas encore été communiquée.
Blessé la saison dernière, Nesta Carter a effectué son retour à la compétition la semaine passée à l’occasion d’un meeting à Montego Bay, en Jamaïque. Il est autorisé à courir jusqu’à la décision du Tribunal arbitral du sport concernant son appel.
Les juges confirmeront-ils la suspension? Probable. Dans le cas contraire, le relais jamaïcain conserverait son titre des Jeux de Pékin. Usain Bolt verrait sa collection de médailles d’or, passée de 9 à 8 unités au cours des semaines passées, retrouver son nombre initial. Une perspective qui ne fâcherait pas grand-monde. Selon une information confirmée par la Fédération jamaïcaine d’athlétisme, les quatre relayeurs des Jeux de Pékin ont tous déjà renvoyé leur médaille, Usain Bolt en tête.
Par un ironique hasard du calendrier, l’appel de Nesta Carter est intervenu au moment où la Fédération russe d’athlétisme a annoncé via un communiqué, jeudi, sa décision de fermer définitivement la porte aux athlètes disqualifiés n’ayant pas encore rendu leurs médailles. La Russie en recense un solide contingent. A ce jour, ils sont 23 à avoir vu leur nom rayé des palmarès des Jeux de Pékin et/ou Londres après ré-analyse par le CIO des échantillons de l’époque.
Vingt-trois ex-médaillés olympiques. Mais un seul, le relayeur Anton Kokorin, médaillé de bronze avec le 4×400 m à Pékin 2008, a soigneusement empaqueté sa médaille pour l’envoyer à Lausanne. Paradoxe: il n’a jamais été formellement déclaré positif. L’athlète paye pour la faute de l’un de ses partenaires du relais, Denis Alexeyev, contrôlé a posteriori à un stéroïde.
Pour tous les autres, la Fédération russe d’athlétisme prévient: les compétitions seront désormais interdites, tout comme l’équipe nationale. Ils ne pourront pas non plus être intégrés dans un programme de lutte antidopage, critère imposé par l’IAAF pour prétendre disputer des compétitions du circuit international en qualité d’athlètes neutres.
Le message n’est pas anodin. En prenant un ton plus ferme face aux tricheurs, l’athlétisme russe poursuit sa démarche de retour en grâce. En faisant le ménage devant sa propre porte, sa fédération espère retrouver sa place sur l’échiquier international et voir sa suspension, prolongée par l’IAAF jusqu’en novembre 2017, levée à temps pour la prochaine saison.
Une opération de communication, donc. Dans les faits, la décision de la Fédération russe d’exclure ses athlètes refusant de rendre leurs médailles olympiques ne devrait pas avoir d’effets très concrets. La plupart d’entre eux ont quitté l’athlétisme et pris leur retraite sportive. Parmi les autres, certains purgent actuellement une suspension pour dopage.