Ils partirent à cinq. Ils pourraient très bientôt se retrouver à deux. Deux candidats pour une place. Et même, qui sait, deux rivaux mais aucun battu. Après Hambourg en novembre 2015, puis Rome au printemps dernier, un troisième postulant aux Jeux d’été en 2024 pourrait très prochainement mettre les pouces. L’équipe de Budapest 2024 a pris la décision, douloureuse mais nécessaire, de mettre sa candidature provisoirement à l’arrêt. Un préalable à une option nettement plus radicale: le retrait de la course.
Menacée depuis plusieurs semaines par un référendum sur le projet olympique, l’équipe de Budapest 2024 a vu ses craintes se concrétiser. En pire. La pétition lancée par le Mouvement Momentum, un groupe politique de jeunesse opposé aux Jeux et au régime du Premier ministre Viktor Orban, a réussi à rassembler 266.151 signatures (photo ci-dessus). Elle appelait à l’organisation d’une consultation publique sur la candidature de la capitale hongroise et devait, pour atteindre son objectif, recueillir au moins 138.000 signataires.
Dans les faits, les autorités municipales disposent maintenant de 45 jours pour étudier la validité des signatures et, le cas échéant, organiser le référendum. Elles n’en auront peut-être pas besoin. Face à l’ampleur du succès de la pétition anti Jeux, le maire de Budapest, Istvan Tarlos, semble déterminé à prendre les devants. Il a expliqué au site hongrois Index.hu qu’il pourrait proposer dès mercredi 23 février à l’Assemblée municipale l’arrêt pur et simple de la candidature. Le temps de consulter les deux autres parties prenantes, à savoir le gouvernement et le comité olympique hongrois. Deux autres piliers du projet olympique qui assurent depuis deux jours que la décision finale appartient désormais à la mairie de Budapest.
Dans l’intervalle, l’équipe de candidature a mis ses dossiers au frigo. « Tant qu’il ne sera pas certain que l’unité autour des Jeux olympiques de Budapest peut être restaurée, Budapest 2024 suspend les contrats déjà signés, ne passera pas de nouvelles commandes, et ne dépensera plus les fonds alloués à cette candidature », a fait savoir le comité de candidature dans un communiqué.
Le nom de Budapest pourrait être rayé de la course dès mercredi, sans même attendre le résultat d’un éventuel référendum. Mais le Mouvement Momentum se dit déjà opposé à une telle solution. Son président, Andras Fekete-Gyor, a expliqué samedi dernier qu’un retrait de la candidature serait un acte de « lâcheté » des autorités municipales. Le groupe d’opposition veut une consultation populaire, convaincu que son résultat renforcerait sa position et affaiblirait le régime au pouvoir.
Pour le CIO, l’éventualité d’un retrait de Budapest sonne comme une mauvaise nouvelle. Elle réduirait la course à deux candidates, Los Angeles et Paris. Une sorte de remake d’un film joué quatre ans plus tôt pour l’attribution des Jeux d’hiver en 2022, où Pékin et Almaty s’étaient retrouvées très esseulées au moment de la décision finale.
Cette fois, pourtant, la règle du jeu pourrait changer en cours de partie. En décembre dernier, Thomas Bach avait suggéré pour la première fois l’idée d’une réforme du processus de candidature. Il avait évoqué l’idée que la session du CIO du mois de septembre prochain, à Lima, désigne tout à la fois la ville-hôte des Jeux de 2024 et celle des Jeux de 2028. Depuis, le dirigeant allemand n’en avait plus parlé. Mais, selon plusieurs sources internes à l’organisation olympique, un tel scénario restait d’actualité.
Présent en fin de semaine passée à Saint-Moritz, où il a assisté à la fin des Mondiaux de ski alpin, Thomas Bach a ressorti de son chapeau l’idée d’un double vote. « J’aime que les gens parlent ainsi du processus de candidature olympique, cela prouve qu’ils s’en préoccupent, a confié le président du CIO. Je dois dire que nous apprécions. »
Jusque-là, rien de renversant. Mais Thomas Bach s’est montré un peu plus précis sur l’éventualité d’une élection en deux temps lors de la session de Lima. « Nous en discutons, a-t-il répondu à une question d’un journaliste d’Associated Press. Les choses dépendent du timing. Mais nous avons plusieurs options. »
Les équipes de Los Angeles et Paris n’ont jamais caché viser seulement les Jeux de 2024, écartant la possibilité de postuler à l’édition 2028. Un discours légitime. Reste à savoir quelle serait leur position dans l’hypothèse où le CIO décide de changer les règles en cours de partie.