Troublant hasard de l’actualité. Au moment où, en Europe, une pétition menace d’envoyer aux oubliettes la candidature de Budapest aux Jeux de 2024, l’idéal olympique se porte comme un charme sur le continent asiatique. Le Japon organise en grandes pompes les Jeux Asiatiques d’hiver (photo ci-dessus), dans la station de Sapporo, où les athlètes océaniens ont été invités pour la première fois à poser leurs skis et leurs patins. La Corée du Sud prépare sans retard apparent les Jeux d’hiver de PyeongChang 2018.
Cerise sur le gâteau, le très influent et toujours écouté Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah suggère avec ses manières polies que l’Asie pourrait recevoir les Jeux d’hiver en 2026, pour la troisième fois consécutive. Il cite la candidature de Sapporo, évoquée depuis la fin de l’année 2014, mais pas encore officielle. Une candidature qui, selon le dirigeant koweïtien, aurait des chances très sérieuses de l’emporter.
Crédible? En d’autres temps, sûrement pas. Mais le mouvement olympique ne tourne plus très rond depuis ces dernières années. En Europe, les candidatures aux Jeux tombent les unes après les autres, incapables de résister à la moindre consultation populaire. En Asie, elles avancent sans mettre un genou à terre et foncent vers la victoire.
Pour Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, il n’existe pas le moindre doute: le Japon et Sapporo feraient d’excellents hôtes pour les Jeux d’hiver en 2026. « Je suis très heureux d’apprendre que Sapporo est prête à accueillir les Jeux d’hiver. Elle en est capable et elle prête », a-t-il assuré à l’occasion d’une conférence de presse organisée dans le cadre des Jeux Asiatiques d’hiver. Très enthousiaste, le Koweïtien a confié que, pour lui, la station japonaise possédait « tous les outils, tous les équipements et toute l’expérience » pour recevoir l’événement olympique et paralympique.
Sheikh Ahmad prêche pour sa paroisse. Parmi toutes ses casquettes, il sait arborer dans les moments requis celle de président de l’Association des comités olympiques asiatiques (OCA). Il n’empêche, le très influent membre de la commission exécutive du CIO sait aussi que, en ces temps difficiles pour le mouvement olympique, l’Asie représente un gage de sécurité. Aucun risque de voir un référendum faire voler en éclats un comité de candidature. Aucun danger de voir débarquer dans le décor un élu politique hostile aux Jeux.
La Corée du Sud en est la preuve, une crise politique peut toujours se glisser dans le paysage au plus mauvais moment. Le pays est englué depuis plusieurs mois dans un scandale de corruption impliquant directement la présidente, Park Geun-hye. Mais, jusqu’à preuve du contraire, il n’affecte pas directement la préparation des Jeux. Lee Hee-beom, le patron du comité d’organisation des JO de PyeongChang, l’a expliqué cette semaine: les six nouveaux sites de compétition sont désormais terminés à 96%. Le centre des médias, le village des athlètes et le stade des cérémonies seront bouclés au mois de septembre 2017. « Nous pouvons maintenant nous concentrer sur la construction des routes, des hôtels et des restaurants », a-t-il promis, répondant ainsi aux craintes formulées récemment par les chefs de mission sur les difficultés de transport et de logement.
Le même Lee Hee-beom reprend à sa manière, moins directe, le raisonnement de Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah. « Avec PyeongChang 2018 et Pékin 2022, les sports d’hiver vont se déplacer d’Europe et d’Amérique du Nord vers l’Asie, prédit le Sud-Coréen. Nous allons voir un nombre grandissant de gens se passionner pour ces disciplines. »
Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah l’a suggéré comme une forme de promesse: « Si beaucoup de pays se lancent dans la course (aux Jeux d’hiver en 2026), nous devrons peut-être évaluer la situation. Mais dans le cas contraire, nous avons nos chances. L’Asie est prête à organiser pour la troisième fois consécutive les Jeux d’hiver. »
En Europe, la Suisse n’a plus qu’une carte en mains, le projet Sion 2026. L’Autriche, de son côté, en est à l’étude d’opportunité d’une candidature de la ville d’Innsbruck. En Amérique du Nord, les Canadiens croisent les doigts pour que le groupe de travail formé à Calgary trouve les bons arguments. L’Asie, elle, est prête.