Les chiffres en disent long. Au dernier décompte, ce vendredi 24 février, le nombre de villes ayant quitté la course aux Jeux de 2024 s’avère le double de celui des postulants encore en compétition. Boston, Hambourg, Rome et Budapest sont rentrées au stand, les unes après les autres, pour ne plus en repartir. Los Angeles et Paris se retrouvent seules en concurrence à un peu moins de sept mois du vote.
Un concours de circonstances? Sûrement pas. Le même phénomène, identique au chiffre près, a été observé dans la course aux Jeux d’hiver 2022. Quatre candidatures ont mis les pouces avant la dernière ligne droite: Stockholm, Oslo, Lviv et Cracovie. Les membres du CIO en ont été réduits à faire leur choix entre deux dossiers asiatiques: Almaty et Pékin.
Pour rappel, Rio avait dû devancer trois rivales, en 2009, pour gagner le droit d’organiser les Jeux d’été en 2016. Quatre ans plus tard, Tokyo était en concurrence avec Istanbul et Madrid dans la course aux JO de 2020.
A l’évidence, quelque chose ne tourne plus rond dans le mouvement olympique. Tim Crow, le directeur exécutif de Synergy, une agence de marketing comptant parmi ses clients plusieurs partenaires olympiques, ne fait pas dans la nuance. « Le mouvement olympique se trouve à la croisée des chemins, face à ce beaucoup décrivent comme sa crise la plus profonde depuis le scandale de corruption des Jeux de Salt Lake City », a-t-il expliqué à l’agence Reuters.
Excessif, sans doute. A Hambourg, en novembre 2015, le non l’a emporté de très peu (51,7%) lors du référendum sur la candidature aux Jeux de 2024. A Budapest, la semaine passée, le succès de la pétition appelant à une consultation populaire doit sans doute autant à l’influence de l’opposition politique qu’à un franc rejet du projet olympique. Même réduite à deux, la course aux Jeux de 2024 conserve une très belle allure, avec des rivaux du calibre de Los Angeles et Paris.
Il n’empêche, l’heure est grave pour le mouvement olympique. Adam Pengilly, l’ancien spécialiste britannique de skeleton, entré au CIO via la commission des athlètes, en convient: « Nous devons nous interroger sur la façon de communiquer. L’Agenda 2020 a constitué une avancée importante, l’évolution se poursuit. Mais nous devons prendre le temps de réfléchir à tout ce qui doit encore être amélioré. Il est évident qu’il y a un problème, en Europe, avec tous ces pays qui se lancent dans l’aventure, pour finalement décider de se retirer. »
Au CIO, pourtant, le calme demeure. Pas seulement en façade. Mark Adams, le porte-parole de Thomas Bach, s’est fendu d’un courrier à l’adresse de l’ensemble des membres de l’organisation. Une lettre dont le site Insidethegames a eu connaissance. En substance, Mark Adams rejette la responsabilité du retrait de Budapest sur le climat politique actuel en Hongrie, il explique que le CIO ne commentera pas ce renoncement avant que la candidature ait été officiellement retirée par le comité olympique hongrois. La faute à la politique, donc.
Pour le CIO, pas question de remettre en cause la validité du processus de réformes entamé en décembre 2014 avec l’adoption par la session de Monaco de l’Agenda 2020. « Les trois candidatures (Budapest, Los Angeles et Paris) se sont toujours montrées très claires, elles n’auraient pas déposé de dossier sans l’Agenda 2020 », écrit le porte-parole de Thomas Bach.
Inutile, donc, d’attendre de l’organisation olympique une remise à plat de son fonctionnement, de ses usages et de sa communication. Tout juste peut-on anticiper, à ce stade de l’histoire, quelques retouches. Dans son courrier aux membres, Mark Adams ajoute: « D’un autre côté, la situation politique dans notre monde fragile exige que nous procédions à quelques ajustements sur la procédure de candidature. » Un double vote pour 2024 et 2028, par exemple, à la session de Lima en septembre? Peu probable.