Logique et attendu. Mis en cause dans une enquête du Monde sur des soupçons de corruption dans l’attribution des Jeux de 2016, Frankie Fredericks a fait un pas de côté. Un premier. Il a démissionné de la « taskforce » de l’IAAF chargée de la réintégration de l’athlétisme russe. L’organisation internationale l’a annoncé via un communiqué. L’ex sprinteur y explique lui-même sa décision: « J’ai décidé de quitter la taskforce pour que l’intégrité de son travail ne soit pas remise en question, après les allégations contre moi dans Le Monde. Il est important que la mission de cette taskforce soit perçue comme libre et juste, sans influence extérieure. »
Selon le communiqué de l’IAAF, le retrait de Frankie Fredericks a été discuté avec Sebastian Coe, le président de la Fédération internationale. Le Namibien est remplacé au sein du groupe de travail par l’ancien sauteur en hauteur slovène Rozle Prezelj, l’actuel président de la commission des athlètes de l’IAAF. Mais, précise l’organisation, Frankie Fredericks conserve sa position, certes très honorifique, de président honoraire de la dite commission des athlètes.
Dans un article publié en fin de semaine passée, Le Monde révèle que le Namibien, par ailleurs membre du CIO, aurait reçu près de 300.000 dollars d’une société dirigée par Papa Massata Diack, le fils de l’ancien président de l’IAAF, actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Un versement effectué le jour même du vote du CIO pour l’attribution des Jeux d’été en 2016, scrutin pour lequel Frankie Frederiks était intervenu directement en qualité de scrutateur.
Interrogé par le quotidien français, Frankie Fredericks s’est défendu de toute malversation. Il explique que l’argent reçu de la société de Papa Massata Diack concerne différentes missions menées au nom de l’IAAF, entre 2007 et 2011, pour la promotion de l’athlétisme en Afrique.
Sans grande surprise, l’autre acteur majeur de l’affaire se réfugie lui aussi dans le déni. Interrogé par l’AFP, Papa Massata Diack (photo ci-dessous) crie au scandale et aux « accusations infondées ». Il évoque un « acharnement », parle d’une enquête journalistique peu sérieuse. A la question de ses liens avec la société brésilienne Matlock Capital Group, qui aurait versé 1,5 million de dollars sur le compte de l’une de ses société trois jours avant le vote du CIO, le Sénégalais répond seulement qu’elle était l’un de ses clients.
La suite? Dans le cas de Papa Massata Diack, peu de rebondissements à attendre. Retourné illico au Sénégal dès le début de l’affaire, le fils de Lamine Diack peut envisager l’avenir sans crainte et continuer à jouer les innocents. Le Sénégal refuse de l’extrader. Un position qui pourrait se prolonger.
Frankie Fredericks, en revanche, devra sans doute rendre très prochainement une autre de ses casquettes. Son retrait forcé de la taskforce de l’IAAF pourrait être suivi d’un autre, nettement plus décisif: sa mission de président de la commission d’évaluation des Jeux de 2024. On imagine mal, en effet, le Namibien visiter Los Angeles (23 au 25 avril 2017), puis Paris (14 au 16 mai), à la tête d’un groupe d’experts censés évaluer les atouts et les faiblesses des deux villes candidates. Et il paraît tout aussi peu probable que le CIO le conserve dans ce rôle très exposé et médiatique. Ses jours à la tête de la commission d’évaluation semblent comptés. Dans le cas contraire, le CIO perdrait encore un peu plus de sa crédibilité.