Triste nouvelle pour l’Afrique du Sud. Cruelle perspective, également, pour le sport africain. La ville de Durban s’est vue retirer, lundi 13 mars, l’organisation des Jeux du Commonwealth en 2022. Une décision ferme et définitive. La parenthèse est refermée.
L’événement multisport avait été attribué à Durban en septembre 2015 par la Fédération des Jeux du Commonwealth. La métropole sud-africaine était alors seule en lice pour l’accueil des Jeux, après le renoncement des Canadiens d’Edmonton. Une victoire sans combattre, donc, mais un succès historique. Depuis leur création en 1930, les Jeux du Commonwealth n’avaient encore jamais été organisés sur le continent africain.
L’événement s’annonçait comme un passage obligé pour l’Afrique dans sa volonté de recevoir un jour prochain les Jeux olympiques. Mais le renoncement de Durban pourrait bien repousser encore une telle perspective. Gideon Sam, le président du comité olympique sud-africain, l’a reconnu lundi 13 mars: « Une candidature olympique? Nous n’avions rien de cela sur la table actuellement. »
Le retrait de Durban n’a surpris personne. Depuis plusieurs jours, le sort du dossier sud-africain semblait scellé. Le mois dernier, le ministre sud-africain des Sports, Fikile Mbalula (photo ci-dessous, au centre), avait laissé entendre que la question financière pourrait conduire la ville à se retirer du jeu en cours de partie.
L’argent, donc. Mais pas seulement. Louise Martin, la présidente de la Fédération des Jeux du Commonwealth, l’a expliqué lundi 13 mars: « Après un examen complet des informations fournies par le comité olympique sud-africain le 30 novembre 2016, il apparaît que l’écart est grand entre les promesses de Durban dans sa candidature, ses engagements en qualité de ville-hôte, et la réalité de la préparation des Jeux en 2022. » Louise Martin pointe les questions budgétaires, mais également de gouvernance, de transport, de sites de compétition et d’assurance. En clair, Durban 2022 ne tient pas ses promesses. A ce jour, les Sud-Africains n’avaient toujours pas installé un comité d’organisation.
Très politiquement correcte, Louise Martin assure que le retrait de Durban ne compromet en rien l’avenir de l’Afrique du Sud comme pays-hôte de l’événement. Admettons. Mais il ferme sans doute la porte au moins pour une décennie aux ambitions du pays dans l’univers olympique. Et, par extension, aux espoirs du continent tout entier, l’Afrique du Sud ayant souvent été présentée comme la seule nation africaine ayant les reins assez solides pour prétendre organiser les Jeux olympiques.
Réaction de Gideon Sam, joint au téléphone par l’agence Reuters: « Il s’agit évidemment d’une immense déception pour nous et pour l’ensemble du continent africain. Mais sans les garanties du gouvernement, il était impossible d’aller plus loin. Tout le monde était très heureux et impatient d’organiser ces Jeux à Durban, une ville ayant toutes les infrastructures nécessaires, mais les choses sont devenues plus difficiles dès lors que l’économie s’est mise à jouer un rôle crucial dans la partie. »
Louise Martin l’a assuré: la Fédération des Jeux du Commonwealth étudie actuellement toutes les options possibles, à commencer par le choix d’une ville de remplacement. La solution pourrait être britannique. En Angleterre, Birmingham et Liverpool avaient levé le doigt avant même l’annonce officielle du retrait de Durban. Les deux villes préparaient un dossier de candidature pour les Jeux du Commonwealth en 2026. Elles se disent prêtes à accélérer le cours du temps et avancer leur planning de 4 ans. A Birmingham, les autorités locales discuteraient même déjà avec le gouvernement. Encore une fois, l’Afrique attendra. Mais jusqu’à quand ?