Le mouvement olympique international a les yeux tournés vers Lima. La capitale du Pérou doit recevoir en septembre 2017 la prochaine session du CIO. Elle servira de décor à l’élection de la ville-hôte des Jeux de 2024, voire ceux de 2028 dans la même foulée. Un moment d’histoire en perspective. Mais à moins de six mois d’une échéance aux contours encore brumeux, Lima et le Pérou proposent aujourd’hui un terrible spectacle.
Le pays tout entier est touché depuis le début de l’année par les effets du phénomène météorologique El Niño. Des pluies diluviennes ont provoqué des inondations aux conséquences dramatiques. Dimanche 19 mars, le bilan faisait état de 75 morts. Selon l’Institut national de défense civile du Pérou, 625.000 personnes seraient affectées par les intempéries, dont 70.000 qui ont perdu leur domicile. Plus de 800 villes et villages ont été déclarés en état d’urgence. A Lima, l’eau est coupée depuis une semaine.
Officiellement, l’organisation de la prochaine session du CIO n’est pas menacée. Pas encore. En revanche, l’avenir des Jeux Panaméricains 2019 à Lima s’écrit désormais au conditionnel. Il semblait déjà très fragile avant les inondations. Il apparaît aujourd’hui plus que compromis.
Selon la presse nationale, les voix sont de plus en plus nombreuses au sein du milieu politique péruvien à appeler à leur annulation. Force populaire, le parti majoritaire au Congrès, devrait lancer en ce début de semaine une pétition réclamant le retrait de l’organisation des Jeux. Manuel Velarde, le maire du district de San Isidro à Lima, a écrit sur son compte Facebook qu’il était urgent d’arrêter les frais. L’élu sud-américain demande aux autorités du pays de consacrer l’argent alloué à l’événement à l’aide aux victimes des inondations.
Les eaux montent, la grogne s’intensifie, mais le président péruvien, Pablo Kuczynski, reste droit dans ses bottes. Il a répété une nouvelle fois qu’il n’était pas question pour le Pérou et sa capitale de renoncer aux Jeux. « Nous en avons remporté l’organisation, nous devons accepter nos responsabilités », clame-t-il. Le chef de l’Etat ne veut pas même entendre parler d’un report de l’événement, prévu du 26 juillet au 11 août 2019 à Lima.
Suicidaire? Sans doute. A Lima, les effets d’El Niño font l’effet d’un coup de grâce pour une organisation déjà plombée par les affaires. En fin de semaine passée, le ministre des Transports qui porte actuellement la responsabilité de l’organisation de l’événement a été entendu par le Parlement, dans le cadre d’une enquête sur un avenant au contrat d’aménagement de l’aéroport de Chinchero-Cusco. Une interpellation qui pourrait conduire à un arrêt du projet et, par extension, à un nouveau déséquilibre politique autour des Jeux Panaméricains.
De près comme de loin, le paysage apparaît dévasté. En fin d’année passée, le président du comité olympique péruvien (COP), José Quiñones Gonzalez, a été condamné par le Tribunal de justice sportive à une suspension de 5 ans et l’interdiction d’exercer la moindre activité de dirigeant. Il a fait appel. En vain.
Le secrétaire général du COP, Francisco Boza Dibos, est suspecté de faire partie d’une bande criminelle organisée. Il risque une mise en détention provisoire de 18 mois, en préambule à son procès.