Le feuilleton à rebondissements des Jeux de Rio se terminera-t-il un jour? Presque huit mois ont passé depuis l’extinction de la flamme olympique dans la ville brésilienne, mais l’actualité continue à s’inviter encore régulièrement sur les lieux. Après l’affaire des sites laissés à l’abandon, le nouvel épisode implique l’un des acteurs majeurs des Jeux de 2016.
Eduardo Paes, l’ex maire de Rio de Janeiro (photo ci-dessus, avec Thomas Bach, le président du CIO), a été placé sous enquête par la justice brésilienne. Il est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin, pour plusieurs millions d’euros, en échange de son « aide » dans l’attribution des marchés de construction de certaines infrastructures liées aux Jeux de 2016.
L’affaire n’est pas mince. Eduardo Paes, désormais seulement « ex maire » de Rio de Janeiro (il a été remplacé en octobre dernier par Marcelo Crivella, un sénateur évangélique), compte parmi une dizaine de politiciens d’envergure impliqués dans une vaste enquête anti-corruption. Elle vise l’un des géants de la construction, le groupe Odebrecht, accusé d’avoir arrosé tout ce petite monde en échange de contrats à plusieurs chiffres.
Le groupe Odebrecht a participé à la construction du Parc olympique, avec deux autres entreprises du secteur du BTP. Montant des travaux: environ 600 millions d’euros.
Le nom d’Eduardo Paes apparaît dans des documents diffusés mardi 11 avril par la principale cour de justice brésilienne. Il pourrait être traduit en justice si le procureur général du Brésil décide de le poursuivre.
Dans le détail, l’ex maire de Rio de Janeiro est accusé d’avoir reçu en 2012, au moment où il faisait campagne pour sa réélection, environ 7,5 millions de dollars, en échange de sa participation « dans l’obtention de contrats relatifs aux Jeux olympiques », révèle un document de la cour publié par les médias brésiliens.
La source de l’enquête, et donc des accusations, semble crédible: la confession d’un ancien cadre d’Odebrecht, Benedito Barbosa da Silva, désormais associé à la justice dans l’espoir d’une remise de peine. Selon cet ancien cadre, près d’un tiers de la somme aurait été versée dans un compte à l’étranger.
Eduardo Paes nie tout en bloc. Le contraire aurait été surprenant. Dans un communiqué publié mercredi 12 avril par sa porte-parole, Tereza Fayal, il rejette les allégations de corruption, qualifiant ces accusations d' »absurdes et totalement fausses. » L’ancien maire jure ses grands dieux n’avoir « jamais possédé de compte à l’étranger ». Il martèle que « tous les fonds reçus pour financer la campagne de sa réélection ont été dûment déclarés ».
La campagne en question, menée en 2012, s’était terminée en beauté pour Eduardo Paes, réélu pour un nouveau mandat à la mairie de Rio de Janeiro avec 64,6 % des voix au premier tour. Lors de sa première élection, il avait dû batailler jusqu’au second tour de scrutin, l’emportant finalement avec 50,83 % des suffrages.
Au Brésil, où les Jeux de Rio 2016 n’ont pas laissé que des bons souvenirs, l’affaire Eduardo Paes pourrait rapidement s’étendre. Au moins huit ministres du gouvernement actuel sont également mis en cause.