Inusable Lassana Palenfo. A 71 ans, l’intendant général ivoirien brigue un quatrième – et dernier – mandat à la présidence de l’Association des comités nationaux olympiques africains. Il sera opposé le 10 mai 2017 à Djibouti, lors de l’assemblée générale de l’ACNOA, au Camerounais Hamad Kalkaba Malboun, son rival de toujours. A quelques jours de l’élection, Lassana Palenfo, par ailleurs membre honoraire du CIO, a répondu aux questions de FrancsJeux à l’occasion du forum de l’ACNOA sur la stratégie de l’Afrique pour les Jeux de Tokyo 2020, organisé en fin de semaine passée à Abidjan.
FrancsJeux: Vous aviez annoncé en 2013, lors de votre réélection à la présidence de l’ACNOA, que ce nouveau mandat serait le dernier. Pourquoi avoir changé d’avis ?
Lassana Palenfo: Il faut savoir que je n’avais pas sollicité l’actuel mandat, mon troisième, qui s’achève ces prochains jours. En 2013, l’assemblée générale de l’ACNOA m’a demandé de continuer le travail que j’avais débuté. Je n’étais pas demandeur, car je souhaitais me consacrer un peu plus à mon pays, après avoir été longtemps en exil à Paris. Mais les membres ont fait en sorte que je sois seul candidat. J’ai donc été réélu. En 2014, j’ai été sollicité pour continuer, puis une nouvelle fois l’année suivante. Certains sont même venus en Côte d’Ivoire pour me convaincre. « Tu ne peux pas nous laisser au milieu du gué, tu dois poursuivre le travail accompli », m’ont dit les uns et les autres. J’ai fini par accepter.
Si vous êtes élu, ce quatrième mandat sera-t-il le dernier ?
Oui. Présider l’ACNOA n’est pas une chose facile. Avec tous les déplacements, la fonction est physiquement éprouvante. Elle est aussi compliquée sur le plan technique, car j’ai établi un calendrier riche et ambitieux.
Cette fois, vous avez un rival, le Camerounais Hamad Kalkaba Malboun. Comment se présente le scrutin ?
Il est mon adversaire depuis le début. Il a toujours essayé de se dresser contre moi. Mais les acquis sont là, le travail a été fait et ma vision pour l’avenir de l’ACNOA est claire. Maintenant, il revient aux comités nationaux olympiques de décider. S’ils veulent que je continue, j’effectuerai un mandat supplémentaire.
Comment se porte aujourd’hui l’ACNOA ?
Elle se porte mieux qu’elle ne s’est jamais porté, mais cela reste insuffisant. L’Afrique regorge de talents, mais je manque de moyens financiers pour les aider à s’exprimer au plus haut niveau. Aujourd’hui, l’essentiel de nos ressources provient de la Solidarité olympique. Les gouvernements aident aussi, mais ils ne peuvent pas tout faire. Nous n’avons pas de partenaires. J’en connais certains qui seraient prêts à prendre des athlètes, mais il faut organiser notre marketing. J’ai mis en place une direction administrative, financière et commerciale. Je suis en train d’installer un service communication. Quand tout sera en place et fonctionnera, je pourrai partir et laisser la place.
Si vous êtes élu, quelles seront vos priorités ?
Augmenter nos moyens financiers. Organiser plus de compétitions en Afrique, afin d’aguerrir nos athlètes avant qu’ils se rendent aux Jeux olympiques. Développer la formation, surtout celle des entraîneurs, en nous appuyant sur les accords que nous avons avec la Russie, la France et les Etats-Unis. Enfin, réussir les premiers Jeux d’Afrique de plage, qui se dérouleront au Cap Vert en 2019.
Quel est l’avenir des Jeux Africains ?
La prochaine édition est assurée. Elle se déroulera en 2019 en Guinée Equatoriale, le seul pays candidat à l’organisation de l’événement. Nous avons déjà effectué une visite sur place, une convention sera signée avec les autorités. Les prochains Jeux Africains s’y dérouleront avec l’ACNOA.
Le retrait de Durban, en Afrique du Sud, comme ville-hôte des Jeux du Commonwealth en 2022 ne compromet-il pas les chances du continent d’organiser dans un avenir proche des grands événements sportifs ?
Non. Durban avait tout ce qu’il fallait pour recevoir les Jeux du Commonwealth, mais le contexte actuel est très difficile. Son renoncement est un échec, il ne faut pas se le cacher, mais ce n’est que partie remise. Le CIO veut que l’Afrique organise les Jeux olympiques dans les 20 prochaines années. Nous évoluons. D’ici 20 ans, nous pourrons les avoir. C’est le souhait du CIO. Nous serons prêts.
Les Jeux olympiques de la Jeunesse ne doivent-ils pas être, pour l’Afrique, une étape intermédiaire ?
Peut-être. Avec 5 000 athlètes et une prise en charge par le CIO des coûts de transport et logement, ils sont plus dans nos cordes. Certains pays africains pourraient les organiser : l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie, le Nigéria, l’Afrique du Sud. Tous les pays qui ont déjà organisé les Jeux Africains peuvent y penser.
Que pensez-vous de la possibilité d’un double vote 2024-2028 lors de la session du CIO en septembre à Lima ?
Personnellement, j’y suis favorable. Avec seulement deux candidats encore en course pour 2024, je crois qu’il faut vraiment trouver une solution. Si les différentes parties parvenaient à un accord, ce serait l’idéal.