Il ne pourra pas être reproché à Thomas Bach de manquer de lucidité. Présent à Punta del Este, en Uruguay, pour l’assemblée générale élective de l’Organisation panaméricaine des sports, le président du CIO s’est fendu mardi 25 avril d’un discours en forme d’état des lieux du mouvement olympique. Il en est ressorti une évidence: les Jeux présentent aujourd’hui un très curieux mélange de réussite et d’échec. Un modèle de contraste entre la richesse du compte en banque et la pauvreté du décor.
Les chiffres, d’abord. Ils donneraient presque le vertige. Thomas Bach n’en fait pas mystère, il le répète même jusqu’à l’excès: le mouvement olympique n’a jamais affiché une telle santé financière. « Le CIO n’a jamais été aussi performant que maintenant pour négocier ses droits marketing et de télévision », a martelé le dirigeant allemand devant les délégués de la PASO, une organisation où sont regroupés 41 comités nationaux olympiques panaméricains.
Pas faux. Thomas Bach a insisté: « Nous avons sécurisé des droits de télévision jusqu’en 2032. Sur le plan marketing, certains partenaires du programme TOP sont engagés à nos côtés jusqu’en 2028. Et plusieurs contrats sont en cours de négociation. » Tout va bien, donc. L’avenir est assuré, la trésorerie florissante et les banques se frottent les mains. Le CIO roule sur l’or. Mieux: il inspire confiance. Son président suggère: « Au-delà des chiffres et des montants, le plus important est de voir que nos partenaires et diffuseurs s’engagent à long terme, preuve de leur confiance dans les Jeux et dans l’avenir du mouvement olympique. »
Seul ennui, mais de taille: les candidatures manquent. « Les belles années des villes candidates sont derrière nous », a reconnu Thomas Bach mardi 25 avril en Uruguay. La pauvreté de la course aux Jeux d’hiver de 2022 (Pékin contre Almaty) a été suivie d’une bataille toute aussi réduite pour l’édition d’été en 2024. « Mais nous assistons à une campagne fascinante entre deux grands pays et deux grands projets. Nous pourrions nous en satisfaire et nous convaincre que, quel que soit le vainqueur, nous aurons de très grands Jeux. Mais nous ne serions pas dans le sport si nous pouvions nous contenter d’une telle forme de complaisance. »
Thomas Bach se veut clair: le CIO doit modifier sans tarder son processus de sélection des villes candidates. Il doit le faire « au plus tard pour la course aux Jeux d’hiver en 2026 », où la Suisse (Sion), la Suède (Stockholm), le Canada (Calgary), le Japon (Sapporo), l’Autriche (Innsbruck) et la Turquie (Erzurum), ont déjà avancé leurs pions. Et il serait même bien vu de déplacer déjà certaines pièces pour l’élection du 13 septembre à Lima, où les membres du CIO devront choisir entre Los Angeles et Paris.
Thomas Bach s’interdit d’avancer plus vite que la musique, mais il a suggéré une nouvelle fois devant les délégués de l’organisation panaméricaine que le CIO devait « explorer l’opportunité (d’un double vote) dans le respect » des règles et de la charte olympique. A son initiative, un groupe de travail a été formé avec les quatre vice-présidents, John Coates, Ugur Erdener, Juan Antonio Samaranch et Yu Zaiqing. « Espérons qu’il puisse présenter son rapport le mois prochain », a confié Thomas Bach. Dans un tel scénario, l’administration du CIO aurait tout le temps pour préparer un projet de réforme lors du briefing des villes candidates, les 11 et 12 juillet à Lausanne. L’histoire est en marche.