Candidatures

« Laisser un héritage, pas seulement aux athlètes »

— Publié le 28 avril 2017

Le temps s’accélère dans la course aux Jeux d’été en 2024. Les équipes de Los Angeles et Paris ont refermé un dossier, la présentation devant les fédérations internationales à la Convention SportAccord, pour en ouvrir un autre, la visite de la commission d’évaluation du CIO. Les Californiens ouvriront le bal, du 10.12 mai, suivis par les Français, du 14 au 16 mai. Entre ces deux étapes, la vice-présidente de LA 2024, Janet Evans, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: Avec le recul, que pensez-vous de la présentation des deux villes candidates devant les fédérations internationales, au début du mois d’avril lors de la Convention SportAccord à Aarhus?

Janet Evans: J’ai beaucoup aimé les présentations à SportAccord. Les deux présentations. Je crois qu’elles ont démontré, à leur façon, que les deux villes proposaient aux fédérations internationales un beau dossier et une perspective intéressante.

Mais les deux visions sont différentes. A Los Angeles, vous insistez beaucoup sur votre volonté de connecter la jeune génération avec le mouvement olympique. Est-ce votre priorité?

Les Jeux olympiques et paralympiques traversent actuellement une période critique. J’ai la conviction qu’ils ont besoin aujourd’hui de toucher les jeunes et d’intégrer leur culture. Cette volonté occupe une grand part de notre vision de la candidature. Intéresser les jeunes, leur donner le goût du sport. Le sport n’est peut-être pas dans leur Ipad en ce moment. Les jeunes en Californie sont dynamiques et très diversifiés. Nous voulons profiter de nos relations avec l’univers de la Silicon Valley pour proposer aux fans une nouvelle approche du sport. Cela peut grandement contribuer à l’avenir du mouvement olympique.

Vous insistez également beaucoup sur le spectacle et le divertissement, la notion d' »entertainment ». Est-ce tellement important pour des Jeux olympiques?

Nous sommes à Los Angeles, la ville du cinéma et de son industrie. Les gens aiment notre ville pour cette identité et cette culture du spectacle et du divertissement. Aujourd’hui, l’industrie de l’entertainment est devenue incroyablement créative, dans sa façon de raconter les histoires, de présenter le monde, d’aborder les sujets. Tout cela constitue un atout pour notre candidature. Nous pouvons trouver grâce à cela une façon nouvelle et originale de montrer les Jeux.

Brian Cookson, le président de l’UCI, vous a interrogé pendant les présentations à SportAccord sur la place du vélo à Los Angeles, une ville toute entière dédiée à la voiture. Le réseau de transports en commun et la densité du trafic ne constituent-ils une faiblesse pour votre candidature?

Il y aura toujours du trafic à Los Angeles. Mais la ville est en train de changer. Elle est même actuellement le théâtre d’une vraie renaissance. L’état d’esprit des gens évolue. Les jeunes se mettent à vouloir s’installer downtown, où la scène artistique se développe et attitre un public nouveau. L’un des mes amis, un athlète, m’a avoué récemment qu’il avait vendu ses deux voitures et préférait utiliser les transports en commun! Il habite à Venice. Eric Garcetti, le maire de Los Angeles, a insisté sur l’importance des investissements qui ont été votés en novembre dernier pour améliorer les transports publics. Prenez l’exemple des Jeux de LA en 1984. J’étais bénévole, j’avais 12 ans, mais j’ai encore en tête le souvenir d’une ville sans trafic. Les gens prenaient le bus, c’était génial. Les investissements dans les transports seront réalisés, avec ou sans les Jeux. Mais avoir les Jeux en 2024 peut accélérer le mouvement. Nous voulons laisser un héritage, pas seulement aux athlètes, mais également à la population.

Comment accueillez-vous le projet du CIO de procéder en septembre à Lima à un double vote 2024-2028?

A ce jour, cette question reste purement de la spéculation. Il n’est donc pas possible de répondre à une question sur un double vote. Nous restons concentrés sur 2024.

Rien n’est décidé, certes, mais le CIO a formé un groupe de travail pour avancer sur un tel scénario…

En effet. Nous suivons tout cela de près. Mais je n’oublie pas que je suis une ancienne athlète. Or un athlète pense avant tout à son prochain objectif. Pour notre équipe, l’objectif reste les Jeux en 2024.