La date est symbolique. Seulement symbolique. Ce lundi 5 juin, jour de Pentecôte, il reste précisément 100 jours avant le vote du CIO pour la ville-hôte des Jeux d’été en 2024. Cent journées à mener campagne pour les deux derniers candidats en lice, Los Angeles et Paris. Pas encore le sprint final. Pas même l’attaque du dernier tour. Tout peut encore arriver, l’histoire l’a maintes fois démontré. Mais à J – 100, cette course olympique ne ressemble à aucune autre. Inédite dans son scénario, passionnante par son déroulé, elle conserve assez de zones d’ombre pour sauvegarder le suspense. Mais, en même temps, l’issue finale commence à se deviner.
Ce que l’on sait
Les dates et les lieux. Les seuls éléments de la course sur lesquels le CIO daigne apporter des précisions et répondre clairement aux questions. Sauf nouveau rebondissement, quatre temps forts devraient marquer les 100 derniers jours de campagne:
- Vendredi 9 juin, réunion de la commission exécutive du CIO à Lausanne. Au menu, la question du double vote. Elle devrait être tranchée pour de bon. Toute autre option que le oui à la double attribution constituerait une surprise.
- Mercredi 5 juillet, publication du rapport de la commission d’évaluation du CIO. Sauf immense surprise, il sera dithyrambique sur les deux dossiers rivaux. Mais il n’est pas certain qu’il serve encore à quelque chose, avec le scénario d’un double vote préparé et rédigé en coulisses.
- Mardi 11 et mercredi 12 juillet, briefing des deux villes candidates devant les membres du CIO. La troisième, et avant-dernière, présentation des deux candidatures. Paris sortira l’une de ses cartes maîtresses, Emmanuel Macron, annoncé partant certain pour le voyage de groupe à Lausanne.
- Mercredi 13 septembre, session du CIO à Lima. Le grand jour. L’heure du vote. Thomas Bach l’a confirmé en fin de semaine passée: le CIO devra voter. Les apparences seront sauves.
Deuxième certitude: tout se joue en coulisses. Rien de nouveau sous le soleil. Mais, cette fois, les cartes ont changé de mains. Le CIO mène le jeu, avec la volonté mal dissimulée d’obtenir un accord avec l’une des deux villes en lice pour accepter l’option 2028, en échange d’un geste financier assez convaincant pour patienter le temps d’une autre olympiade. Paris ne veut pas céder. A l’inverse, Los Angeles serait plus à l’écoute. A la clef, pour l’équipe californienne, une rallonge de l’aide du CIO dans l’organisation des Jeux (2 milliards de dollars?), et une participation de l’organisation olympique au développement du sport pour la jeunesse.
Ce que l’on ne sait pas
La forme du scrutin. Thomas Bach le répète sans lassitude: le choix d’un double vote se justifie par la nécessité de faire plus de vainqueurs et moins de battus. Avec seulement deux candidats encore en course, la tâche semble aisée. A condition, toutefois, de dénicher un moyen de présenter l’élection, et surtout son résultat, comme une double victoire. Dans les semaines à venir, le CIO devra trouver la solution. Elle pourrait passer par une sorte de référendum sur un scénario écrit à l’avance. Les membres de l’institution olympique en perdraient une part de leurs prérogatives, mais on les imagine mal se dresser en bloc face à un double vote dont ils ont, eux aussi, à peu près tout à gagner.
L’ordre des vainqueurs. Paris 2024 et Los Angeles 2028? A 100 jours du vote, tout désigne Paris pour les premiers des deux Jeux, Los Angeles suivant quatre ans plus tard. A commencer par les récentes déclarations du maire de la ville californienne, Eric Garcetti. Mais les apparences sont souvent trompeuses, dans l’univers olympique. Financièrement parlant, les Américains auraient sans doute tout à gagner en s’offrant quatre années supplémentaires avant de dresser le décor des Jeux. Mais tout peut encore arriver, dans un camp comme dans l’autre.