Ne nous y trompons pas : la bataille pour les Jeux d’hiver en 2026 n’est pas encore lancée. Elle ne le sera pas avant l’année 2018, soit douze mois après la date prévue.
Ainsi en a décidé la commission exécutive du CIO lors de sa dernière réunion, le 9 juin 2017 à Lausanne. Déterminés à faire baisser les coûts, ses membres ont pris la décision de réduire de moité la campagne de candidature, désormais resserrée sur une seule année. Patience, donc.
Il n’empêche, les potentiels futurs postulants à la grande quinzaine du blanc s’activent et s’organisent. Au Canada, Calgary a posé ses additions et se penche sur les comptes. En Suisse, les autorités politiques font corps pour accompagner le projet de la ville de Sion.
La Canada, d’abord. Lundi 19 juin, le groupe de travail missionné par les autorités municipales pour étudier la faisabilité d’une candidature aux Jeux d’hiver 2026 a présenté son rapport au conseil municipal. Un document truffé de chiffres. Avec, en bout de ligne, une facture de 4,6 milliards de dollars canadiens, soit 3,1 milliards d’euros au cours actuel.
En soi, le chiffre n’a rien de repoussant. En 2010, les Jeux d’hiver de Vancouver avaient coûté 7,7 milliards de dollars canadiens. A Calgary, l’événement serait nettement plus low-cost. Il serait très marqué Agenda 2020. Mais, selon le groupe de travail, les revenus des Jeux d’hiver couvriraient seulement la moitié des dépenses. Il faudrait donc, pour équilibrer l’affaire, trouver encore 2,4 milliards de dollars (1,6 milliards d’euros).
Dans son rapport, le groupe de travail dirigé par Rick Hanson met en avant l’existence des équipements utilisés pour les Jeux de Calgary en 1988. Selon ses calculs, la capitale de l’Alberta pourrait économiser un bon milliard de dollars en se contentant de redonner un coup de jeune aux sites existants. Prudent, les experts canadiens ont pris en compte le coût de la maintenance des infrastructures au terme de l’événement, estimé dans le rapport à 135 millions de dollars.
Au rayon des recettes, la contribution du CIO s’élèverait à 700 millions de dollars, le marketing pourrait rapporter 820 millions de dollars, la billetterie amènerait dans les caisses 320 millions de dollars.
Convaincant? La réponse attendra. Naheed Nenshi, le maire de Calgary, joue la prudence. On le comprend. L’élu municipal est en campagne pour un troisième mandat, avec des élections prévues au mois d’octobre prochain. Pas question pour lui de foncer en aveugle dans une course à l’issue encore très brumeuse. « Je dois longuement réfléchir, avec le conseil municipal et avec la population, revoir tout cela et étudier les chiffres, pour voir s’il existe une opportunité », a-t-il expliqué aux médias à la sortie de la réunion.
Au comité olympique canadien (COC), l’avancée du dossier de Calgary est observée avec un mélange d’impatience et de retenue. L’organisation s’interdit d’intervenir dans une affaire encore très locale, mais elle encourage de la voix et du geste les porteurs du projet. Chris Overholt, son directeur, s’est fendu lundi d’un communiqué: « Nous sommes ravis de constater l’appui public solide que reçoit le projet de candidature, lequel est alimenté par l’héritage positif extraordinaire légué par les Jeux d’hiver de 1988, qui ont permis à Calgary de se démarquer comme un leader mondial du sport d’hiver. Nous demeurons pleinement engagés à collaborer avec le public et tous les paliers d’intervenants dans le but de déterminer si toutes les conditions sont en place afin de soutenir la concrétisation d’une candidature pour les Jeux d’hiver de 2026 dans l’intérêt à la fois de Calgary et du Canada tout entier. »
Par un curieux hasard du calendrier, la Suisse a avancé un nouveau pion au moment même où le Canada comptait les siens. Lundi 19 juin, les cantons du Valais, de Vaud, de Fribourg et la ville de Sion ont constitué un comité de soutien politique à la candidature aux Jeux d’hiver en 2026. Un comité qui devrait rapidement être renforcé par l’entrée du canton de Berne.
A en croire son président, le conseiller d’Etat Frédéric Faivre, la constitution de ce comité constitue « un message ». Il démontre que les autorités politiques soutiennent le projet, mais sans lui ouvrir les bras sans condition. « Le financement des Jeux doit être acceptable pour les collectivités publiques et la population, insiste Frédéric Favre. Sans initiative privée, il n’y aurait aujourd’hui pas de candidature olympique. Mais si le politique n’entre pas dans le navire, la candidature ne pourra pas être menée à terme ».
Dans le détail, le comité politique a établi plusieurs conditions pour un soutien à la candidature. En vrac, une utilisation des infrastructures existantes, un faible impact sur l’environnement, pas de gigantisme, ou encore un financement « acceptable ».
Le comité de candidature de Sion 2026 doit présenter son dossier de faisabilité à la Confédération helvétique le 31 juillet 2017. La prochaine étape d’une route encore longue.