Le feuilleton aura été court. Intense, certes. Plutôt bien joué. Mais terriblement court. Chang Ung, le seul membre nord-coréen du CIO, a mis un point final mardi 27 juin à la discussion entamée la semaine passée par les autorités sud-coréennes sur un possible rapprochement des deux Corée à l’occasion des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018. Un point final et définitif. Un non ferme et sans appel.
Le premier pas a été osé la semaine passée par Do Jong Hwan, le nouveau ministre sud-coréen de la Culture, des Sports et du Tourisme. Profitant de sa première visite au siège du comité d’organisation des Jeux d’hiver en 2018, il avait suggéré l’idée d’un partage de certaines épreuves de ski alpin avec le voisin nord-coréen. Le ministre sud-coréen avait expliqué que le site nord-coréen de ski alpin de Masikryong avait été construit en respectant les standards olympiques. Prévoir d’y organiser au moins une épreuve des prochains Jeux serait donc réaliste. Une façon, avait-il exprimé, de profiter de l’événement olympique pour favoriser un rapprochement des deux voisins.
Do Jong Hwan avait également proposé de discuter de la création d’une équipe féminine de hockey sur glace commune aux deux Corée. Samedi dernier, le nouveau président sud-coréen, Moon Jae-in, a profité d’une visite surprise à la cérémonie d’ouverture des championnats du Monde de taekwondo, organisés actuellement à Muju, pour reprendre l’idée à son compte. Il a proposé à son tour la création d’une équipe conjointe. « Je crois en la puissance du sport pour amener à négocier la paix », avait soutenu le nouveau chef de l’Etat, issu du parti de centre-gauche.
La balle était dans le camp de la Corée du Nord. Mais elle n’est pas restée longtemps dans le jeu. Présent à Muju au sein de la délégation nord-coréenne, Chang Ung l’a renvoyée sans ménagement hors des limites du terrain. Cité par les médias de Séoul, il a balayé le sujet en assurant que le délai avant les prochains Jeux d’hiver, prévus du 9 au 25 février 2018, rendait irréaliste toute idée de rapprochement.
Piochant sans retenue dans les images du passé, Chang Ung en a ressorti le dernier exemple d’une équipe sportive unifiée. Elle date des championnats du Monde de tennis de table en 1991, disputés à Chiba, au Japon. « Parvenir à former cette équipe avait nécessité 22 réunions entre nos deux pays, a expliqué le membre du CIO. Il nous avait fallu 5 mois de négociation pour nous entendre. »
Même fin de non-recevoir à la proposition sud-coréenne de déplacer certaines épreuves olympiques de ski dans la station de Masikryong, ouverte par le pouvoir nord-coréen à proximité de la ville de Wonsan. « Il est maintenant un peu trop tard » pour envisager un tel scénario, a tranché le dirigeant nord-coréen. Avant de conclure: « En ma qualité d’expert des Jeux olympiques, je sais qu’il est facile de suggérer l’idée de partager un événement, ou même de former une équipe commune. Il est facile d’en parler, mais il est beaucoup plus difficile de surmonter tous les problèmes pratiques et concrets pour y parvenir. »
A Séoul, les autorités sud-coréennes ont enregistré sans grande surprise la réponse de la Corée du Nord. Pas question, pourtant, de renoncer. Officiellement, l’idée d’un rapprochement des deux ennemis sur le terrain olympique n’est pas abandonnée. Dans les faits, elle semble tenir désormais du miracle.