Après la FIFA, l’IAAF? Après le football, l’athlétisme? A en croire la BBC, les enquêteurs américains se pencheraient actuellement avec insistance sur le dossier de l’attribution à Eugene, dans l’Oregon, des championnats du Monde d’athlétisme en plein air en 2021. Le dossier aurait atterri sur les bureaux des limiers du FBI et de la division criminelle du fisc américain (IRS). Et il pourrait y rester un moment.
L’information est encore parcellaire. La BBC ne cite aucune source. Elle explique « avoir appris » que le FBI et l’IRS s’étaient emparés conjointement du dossier. Avec la volonté commune de faire la lumière sur les conditions d’attribution à la ville américaine, surnommée Track Town aux Etats-Unis en référence à sa passion historique pour l’athlétisme, des Mondiaux 2021.
Rappel des faits. En 2015, le Conseil de l’IAAF décide d’attribuer à Doha, la capitale du Qatar, l’organisation des championnats du Monde d’athlétisme en plein air en 2019. L’organisation internationale, alors présidée par le Sénégalais Lamine Diack, aujourd’hui assigné à résidence en France dans le cadre d’une enquête pour corruption, lui préfère les dossiers présentés par Eugene et Barcelone. Jusque-là, rien de vraiment troublant, même si le choix de Doha laisse certains officiels et observateurs sceptiques.
Quelques mois plus tard, surprise: l’IAAF annonce avoir attribué à Eugene l’organisation des Mondiaux 2021. L’événement n’avait pourtant donné lieu à aucun processus de candidature. Les Suédois de Göteborg n’avaient jamais caché leur intention de se lancer dans la course. Ils n’en ont eu ni le temps ni l’opportunité.
En novembre 2015, une enquête de la BBC suggère que Sebastian Coe, l’actuel président de l’IAAF, alors déjà membre du Conseil, aurait joué un rôle dans l’affaire. Le groupe britannique laisse entendre que Seb Coe, historiquement lié par contrat à l’équipementier Nike (il était alors rémunéré par la marque plus de 100.000 euros par an en qualité de consultant), dont le siège mondial est installé dans les faubourgs d’Eugene, aurait joué les lobbyistes pour la candidature américaine. Le Britannique a toujours démenti avoir usé de son influence pour servir les intérêts de la ville de l’Oregon.
Questionné par la BBC, l’IAAF a assuré mercredi 28 juin ne pas être au courant d’une enquête du FBI et de l’IRS. Même son de cloche aux Etats-Unis, où le président de la Fédération américaine d’athlétisme (USATF), Vin Lananna (photo ci-dessus, à gauche, avec Lamine Diack), à la tête du comité de candidature d’Eugene à l’époque des faits, a expliqué aux médias de l’Oregon n’avoir jamais eu vent de la moindre investigation sur l’attribution des Mondiaux 2021. « Nous sommes convaincus que l’IAAF a choisi Eugene pour la qualité de son dossier », plaide Michael Reilly, le directeur exécutif de TrackTown USA. Sans doute. Mais la fédération internationale lui avait préféré, quelques mois plus tôt, celui présenté par Doha et le Qatar.
Pour rappel, la dernière investigation menée par le FBI dans le monde du sport a fait tomber de très haut le ban et l’arrière-ban de la FIFA. Après le football, l’athlétisme?