On pouvait s’y attendre. Et, soyons clairs, tout autre scénario aurait constitué une forme de séisme dans l’histoire récente du mouvement olympique. Le CIO a publié ce mercredi 5 juillet en milieu d’après-midi, sur son site Internet officiel, le rapport de la commission d’évaluation pour les Jeux de 2024. Un document en deux langues, anglais et français. Sans surprise, il est favorable aux deux dernières villes en lice, Los Angeles et Paris. Comme prévu, il se garde bien de marquer la moindre préférence. Comme attendu, il souligne d’un trait épais les forces et les atouts des deux candidatures.
Seule découverte: la forme du rapport. A l’habituel et très classique compte-rendu publié pour les Jeux précédents, le CIO a opté cette fois pour une forme « très nouvelle et dynamique ». En guise d’amuse-bouche, une vidéo de 15 minutes illustrant les arguments et les grandes lignes de chaque projet. En plat de résistance, une « évaluation des éléments essentiels à la planification et à la livraison de Jeux réussis », déclinée autour des thèmes suivants : concept des Jeux, expérience aux Jeux, durabilité et héritage, et enfin livraison des Jeux. Pour le dessert, une poignée de documents dits « techniques », dont un dossier photo et une copieuse ration de données sur les sites et les installations proposées.
Voilà pour la forme. Concernant le fond, Patrick Baumann avait donné le ton au moment de conclure les visites de la commission, le 12 mai à Los Angeles, puis le 16 mai à Paris. En Californie, il avait avait parlé innovation et marché économique. A Paris, il avait évoqué la culture et le patrimoine. Le rapport de la commission dont le Suisse a pris la présidence au pied levé, après le retrait de Frankie Fredericks, ne s’écarte pas de son humeur du mois de mai.
A propos de Los Angeles, le rapport du CIO utilise les termes « avant-gardiste », « innovant », « dynamique » et « attrayant ». Normal. Pour décrire le projet parisien, il se sert des mots « historique », « culturel », « emblématique » et « décors incroyables ». Logique. Les deux candidatures ont pris des chemins différents dès le début de la campagne. Les envoyés du CIO l’ont compris. Le message est passé.
« Los Angeles est une des destinations sportives et récréatives les plus attrayantes de la planète, tandis que Paris a une histoire sans égal, martèle le rapport. Chaque jour, des visiteurs du monde entier apprécient ce qu’Hollywood offre en termes de création narrative et de suprématie technologique, tout en rêvant de se rendre à Paris qui figure parmi les destinations touristiques les plus populaires du monde. Avec le soutien, l’enthousiasme et la passion de leurs citoyens et de leurs athlètes, Los Angeles et Paris ont présenté le meilleur de leur ville, et ce meilleur est ce qui se fait de mieux pour les Jeux Olympiques. »
Patrick Baumann insiste: « Cependant, quelle qu’en soit la description, c’est véritablement l’histoire extraordinaire de deux grandes villes olympiques. Les deux projets diffèrent de par leur nature, mais chaque ville présente une proposition parfaitement authentique qui reflète le meilleur de ce que chacune a à offrir. »
Difficile de faire mieux dans le registre des éloges et du tableau d’honneur. Le rapport de la commission s’évertue à féliciter les deux villes rivales, mais en s’interdisant de pencher, même d’un pouce, vers un côté de la balance. L’innovation et le dynamisme côté californien, le décor et la culture côté français. Aux membres du CIO de choisir, non plus le nom du vainqueur, mais l’ordre des lauréats.
A Los Angeles comme à Paris, la publication du rapport a allumé des sourires sur les visages des équipes de candidature. Les Californiens se félicitent que la commission d’évaluation ait souligné un concept innovant, un projet présentant un minimum de risques, un dispositif ne nécessitant aucun nouveau site, et enfin une vision conforme aux résolutions de l’Agenda 2020.
Dans un communiqué publié après la mise en ligne du document, Los Angeles 2024 insiste également sur les résultats d’un sondage d’opinion effectué au mois de février par le CIO. Il révèle un taux de soutien de 78% parmi la population de Los Angeles, le plus élevé de l’histoire récente pour une candidature américaine, avec seulement 8% des sondés se déclarant hostiles aux Jeux. La même enquête d’opinion, réalisée au même moment à Paris, affiche un soutien moins large pour la candidature française: un taux de soutien de 63%, mais 23% d’opposants au projet.
Côté français, la publication du rapport a été saluée avec le même enthousiasme. Le communiqué de Paris 2024 se « félicite du rapport élogieux ». Il pointe que le document du CIO assure que « Paris a tout ce qu’il faut pour organiser des Jeux remarquables », notamment « la passion pour le sport, et les sports olympiques en particulier, qui anime tout le pays, mais également une grande expérience en matière d’organisation de compétitions et des décennies d’expérience en tant que destination touristique parmi les plus prisées du monde. »
Puis le communiqué liste les nombreux atouts relevés par la commission d’évaluation au terme de son étude du dossier de candidature et de sa visite de trois jours à Paris. La liste ne craint pas l’excès: elle compte 30 points forts. Pas moins.