Une révolution. Rien de moins. Le football africain s’apprête à bouleverser ses plus vieilles traditions en donnant un coup de jeune à son événement majeur, la Coupe d’Afrique des Nations. Elle pourrait gagner en taille, s’ouvrir à l’extérieur, changer ses dates et même, véritable séisme dans le monde du ballon rond, être organisée sur un autre continent.
A ce stade, il s’agit encore seulement d’un projet. Ses grandes lignes ont été présentées à l’occasion d’un symposium de la Confédération africaine de football (CAF), organisé mardi 18 et mercredi 19 juillet à Rabat, au Maroc. Mais les choses pourraient très bientôt s’accélérer. Le comité exécutif de la CAF doit se réunir ce jeudi 20 juillet. Il pourrait valider plusieurs des propositions discutées lors du symposium, puis les soumettre au vote dès le lendemain lors de l’assemblée générale de la Confédération.
Première idée, la plus immédiate: un changement de date. Traditionnellement organisée pendant l’hiver, la CAN pourrait glisser vers les mois de juin et/ou juillet, une période plus creuse dans le calendrier international. Le changement aurait pour effet de ne plus obliger les nombreux joueurs africains évoluant dans les championnats européens à devoir choisir entre leur club et la sélection nationale.
Ahmad Ahmad, le nouveau président de la CAF, élu en mars dernier pour succéder à Issa Hayatou, y serait très favorable. L’homme politique malgache avait promis, pendant sa campagne, de conduire une étude sur l’avenir de la Coupe d’Afrique des Nations, avec l’objectif avoué d’en modifier le cadre et le format. Il a tenu parole.
Autre proposition: un passage de 16 à 24 équipes. L’UEFA a montré l’exemple l’an passé. La CAF se verrait bien suivre ses traces. Mais, surprise, le changement de format ne profiterait pas seulement aux équipes africaines. Il est envisagé d’en profiter pour ouvrir la compétition au reste du monde, en invitant à chaque édition de la CAN « 2 ou 3 sélections issues d’autres continents. » Une vraie révolution. Et la perspective, pas forcément idéale, de voir le trophée brandi au soir de la finale par le capitaine d’une équipe non africaine.
Surtout, la CAF songe très sérieusement à déplacer son tournoi hors du continent. Philippe Antoine, le rapporteur du groupe de travail marketing et télévision de la Confédération, a expliqué à Rabat, pendant le symposium, le projet d’organiser à partir de 2023 le tournoi continental dans un pays non-africain. Le Qatar pourrait constituer la première option, la CAN pouvant se dérouler dans les stades utilisés une année plus tôt pour le Mondial 2022.
Commentaire de Danny Jordaan, le membre sud-africain du comité exécutif de la CAF: « Si nous voulons penser de façon globale, à l’échelle de la planète, il nous faut agir de façon globale. » Au diable les frontières, la CAN se rêve en épreuve universelle, au risque d’y perdre une part de son identité. En poussant ses murs, elle pourrait aussi augmenter ses revenus issus du marketing et des droits de télévision.
Ahmad Ahmad l’explique: « La CAF, notre CAF, votre CAF, a un besoin urgent de vitalité, de nouvelles règles de travail, de mise en place de nouvelles procédures pour se régénérer, pour se donner de nouvelles ambitions, pour bannir les pratiques de clientélisme et de l’amateurisme. »
Présent à Rabat au premier jour du symposium, Gianni Infantino semble marcher main dans la main avec le patron de la CAF sur le chemin de la réforme. « Aujourd’hui, 35 ans après, on est toujours là, et on dit toujours : ‘ »Oui le futur, c’est l’Afrique », a expliqué le président de la FIFA. Mais il faut que ce futur devienne présent. Il faut qu’on passe des rêves aux actions. » La révolution est en marche.