Bonne ou mauvaise nouvelle? Réuni à l’hôtel de ville, lundi 24 juillet, le conseil municipal de Calgary, dans l’ouest canadien, a décidé de reporter sa décision de se lancer ou non dans l’aventure d’une candidature aux Jeux d’hiver en 2026. Il aurait pu trancher, dans un sens ou un autre. Il a choisi d’attendre. Preuve que le doute l’emporte encore sur l’enthousiasme.
La réunion avait été présentée comme décisive. Hasard du calendrier, elle s’est déroulée à 200 jours pile de l’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018, et trois années exactement avant ceux de Tokyo 2020. Les Canadiens auraient pu y voir un signe. Ils ont préféré détourner le regard.
Au menu, une étude précise du rapport présenté par le groupe d’évaluation d’une candidature aux Jeux d’hiver 2026. Le pour et le contre. Les certitudes et les questions.
A l’heure de la conclusion, pas de grande surprise. Comme annoncé, l’équipe d’experts dirigée par Rick Hanson, un ancien policier, a assuré que l’organisation des JO à Calgary était « réalisable ». Mais ses 17 membres ont aussi suggéré aux membres du conseil municipal la « prudence » avant de prendre une décision.
Le mois dernier, le groupe de travail avait estimé qu’il manquait environ 2,4 milliards de dollars canadiens (environ 1,6 milliards d’euros) pour équilibrer le budget prévisionnel d’une organisation des Jeux. Un écart entre recettes et dépenses qui contraindrait les pouvoirs publics à mettre la main à la poche. A la lecture de ce chiffre, le maire de Calgary, Naheed Nenshi (photo ci-dessous), avait fait la grimace. Premier doute.
La semaine passée, le même groupe de travail avait suggéré que la moitié de cette somme pourrait être apportée par le gouvernement fédéral à Ottawa. Logique. Mais le gouvernement canadien n’a pas formellement promis son aide à une candidature. Second doute.
Lundi, experts et élus municipaux canadiens ont lancé un appel du pied très marqué au CIO et à son président, Thomas Bach. Le dirigeant allemand a convaincu à la mi-juillet la session de l’organisation olympique, réunie à Lausanne, de réformer la procédure de candidature aux Jeux d’hiver en 2026. Elle sera réduite de moitié, pour tenir désormais en une seule année. Surtout, elle s’annonce moins coûteuse.
A Calgary, le changement a été entendu. Mais ses détails restent encore trop flous. Selon la presse canadienne, les conseillers municipaux ont « manifesté leur réticence à s’engager sur une candidature sans avoir toutes les clés nécessaires. » L’un d’eux, Andre Cabot, résume l’impression générale: « Il n’est absolument pas question de dire « oui », il reste bien trop d’incertitudes et nous avons besoin d’avoir un meilleur aperçu du dossier ».
Même son de cloche parmi l’équipe d’experts. « Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de se presser à prendre une décision ou à faire une recommandation sans avoir tous les faits en notre possession », a expliqué Rick Hanson au terme la discussion.
Patience, donc. Experts et élus se sont quittés lundi en promettant de se revoir bientôt. En attendant, la balle est dans le camp du CIO. A Calgary comme à Sion, Innsbruck ou Sapporo, on attend d’en savoir plus sur les présumées nouvelles conditions d’une candidature aux Jeux d’hiver. Il faudra au CIO apporter rapidement les réponses, et surtout les rendre convaincantes. Pas gagné d’avance.
Autre obstacle, apparu lui aussi en ce début de semaine: le risque de collision entre les Jeux d’hiver en 2026 et une éventuelle, voire probable, Coupe du Monde de football organisée la même année aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. Selon le rapport du groupe de travail, postuler aux deux événements ne devrait pas réduire les chances de Calgary de décrocher les Jeux d’hiver. En revanche, il serait plus difficile au comité d’organisation d’obtenir du gouvernement fédéral une aide financière suffisante pour boucler ses comptes.
Dans son rapport, l’équipe d’évaluation suggère que l’organisation à quelques mois d’intervalle des Jeux d’hiver à Calgary et d’une partie du Mondial de football au Canada réduirait la part respective des deux événements en termes de subventions fédérales, de marketing et même de vente des billets.
Jeux d’hiver ou Mondial de football? Le Canada devra peut-être choisir.