L’affaire est close. Patrick Hickey, l’ancien président du comité olympique irlandais et de l’Association des comités olympiques européens, membre « suspendu à titre provisoire » de la commission exécutive du CIO, peut à nouveau se promener dans les rues de Dublin sans raser les murs. La justice irlandaise l’a blanchi dans l’enquête menée depuis un an sur un trafic présumé de billets aux Jeux de Rio 2016. Fin de l’histoire.
L’information n’est pas encore officielle, elle devrait le devenir la semaine prochaine, avec la publication du rapport de 226 pages de la commission d’enquête mandatée par les autorités judiciaires irlandaises. L’Irish Independent y a eu accès. Le quotidien en dévoile en exclusivité les grandes lignes et les conclusions.
Patrick Hickey est blanchi, donc. Au terme d’une investigation censée durer 3 mois, mais finalement étendue à près d’une année, le dirigeant olympique est reconnu innocent des soupçons de corruption et de vente illégale de billets pour les Jeux. Arrêté par la police brésilienne pendant les Jeux, dans sa chambre d’hôtel de Rio de Janeiro, Patrick Hickey avait été placé en détention, dans une prison pour commencer, puis en résidence surveillée dans un appartement du centre-ville. Il y est resté 7 mois.
Blanchi mais reconnu fautif. Dans leur rapport, les enquêteurs insistent sur l’absence de preuves financières d’une quelconque implication de Patrick Hickey dans la vente illégale des billets. Mais ils pointent du doigt sa gestion très hasardeuse, pour ne pas dire plus, du comité olympique irlandais.
Il lui est notamment reproché ses liens très étroits avec la société THG du milliardaire britannique Marcus Evans, spécialisée dans la vente de billets pour les grands événements sportifs. Les avocats de Patrick Hickey ont toujours nié l’existence de rapports directs entre leur client et THG, mais le rapport inclut plusieurs emails échangés avant les Jeux de Rio entre l’ex président du comité olympique irlandais et Marcus Evans.
Selon les enquêteurs, Patrick Hickey gérait personnellement ce dossier, sans rédiger le moindre compte-rendu des réunions entre les deux parties. Entre 2010 et 2016, son partenariat avec THG a rapporté au comité olympique irlandais la somme rondelette de 1,6 millions d’euros.
Autre zone d’ombre: la rémunération de Patrick Hickey. Présumé bénévole, le septuagénaire (72 ans) percevait une indemnité annuelle de 60.000 euros, une somme jugée « excessive » par la justice irlandaise. Dans sa conclusion, le rapport suggère que sous la présidence de Patrick Hickey, le comité olympique irlandais était « plus préoccupé par ses intérêts commerciaux que par son rôle de soutien et d’accompagnement de l’équipe olympique. »
Patrick Hickey en prend pour son grade. Mais il n’est pas le seul. Au terme de leurs longs mois de travail, les enquêteurs irlandais montrent également du doigt deux parties prenantes de l’affaire, le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Rio 2016. Deux acteurs du dossier qui, selon l’Irish Independent, ont brillé par leur silence, voire leur absence de coopération, sur l’affaire Patrick Hickey. Le comité d’organisation des Jeux de 2016, notamment, n’a même pas pris la peine de répondre aux courriers de la justice irlandaise.
Reste une question: Patrick Hickey retrouvera-t-il sa position de membre du CIO? Réponse le mois prochain à Lima.