Héritage. Le mot figure en bonne place dans les résolutions de l’Agenda 2020. Il se révèle désormais un incontournable des précieux « éléments de langage » que tout candidat aux Jeux se doit se prononcer sur tous les tons pendant une campagne. Mais, derrière les mots, la réalité fait souvent tache.
L’exemple des Jeux de Rio 2016 reste le plus frais. Le pire, également. Une année après l’événement, le parc olympique est fermé, la piscine du complexe aquatique a été vidée de son eau, le stade Maracana a perdu quelques milliers de sièges. Au village des athlètes, destiné à devenir une résidence de standing, pas moins de 31 tours n’ont toujours pas accueilli le moindre occupant.
Plus surprenant: l’héritage des Jeux de Londres 2012. Cinq années ont passé depuis la fin d’une édition olympique célébrée sur le moment comme un modèle du genre. Le stade olympique a servi la semaine passée de décor aux Mondiaux d’athlétisme. A l’heure des comptes, une affluence record de plus de 700.000 spectateurs. Bingo.
Il n’empêche, les analystes britanniques s’interrogent actuellement sur les retombées de l’événement en termes de pratique sportive. A l’époque, le gouvernement britannique n’avait pas lésiné sur la dépense. Un fonds spécial d’un milliard de livres (1,1 milliard d’euros au cours actuel) avait été alloué au sport de masse. Objectif: booster la pratique sportive, notamment parmi la jeunesse britannique, soupçonnée de préférer le confort du canapé à la rigueur d’un cross-country.
A l’arrivée, le constat s’avère décevant. L’argent a été dépensé, certes, mais les résultats ne démontrent aucun changement durable. A la demande des autorités, Sport England étudie de très près, année après année, le niveau de participation à une activité sportive de la population britannique. Les derniers chiffres, dévoilés par la BBC, confirment la tendance.
Pour l’année scolaire 2005-2006, lorsque le CIO a attribué à Londres l’organisation des Jeux d’été en 2012, la proportion des Britanniques âgés de 16 ans ou plus pratiquant une activité sportive pendant au moins 30 minutes par semaine atteignait 34,6%. Dix ans plus tard, elle plafonnait à 36,1%. Dans la catégorie d’âge 16-25 ans, Sport England n’a constaté aucune évolution depuis l’année 2005.
Les plus jeunes? Même tendance. Un effet JO de Londres avait été mesuré au cours de l’année suivante, célébré à l’époque comme une réussite au moins aussi réjouissante que les performances des athlètes britanniques. Mais il est retombé. Un sondage national, réalisé dans le cadre de l’opération « Take Part », mesure tous les ans la pratique et les motivations des jeunes Britanniques dans le domaine du sport. L’an passé, ils étaient presque 70%, chez les 5-10 ans, à répondre que les Jeux de Londres n’avaient eu aucun effet sur leur activité sportive.
A l’inverse, l’héritage des Jeux s’avère une réalité très tangible pour le sport de haut niveau. La Grande-Bretagne avait réalisé une percée spectaculaire au classement des médailles, à Londres 2012, en se classant à la troisième place, aux Jeux olympiques puis paralympiques. Quatre ans plus tard, elle a fait mieux encore à Rio 2016, grimpant jusqu’à la deuxième place dans les deux classements.