Les Jeux olympiques ouvriront-ils un jour leurs portes au « gamers »? L’eSport fera-t-il ses débuts aux Jeux de Paris en 2024? La question a fait le tour du globe, et souvent déchaîné les passions, depuis les propos de Tony Estanguet sur la possibilité de voir les sports électroniques rejoindre la famille olympique en 2024.
Le triple champion olympique de canoë, futur président du comité d’organisation des Jeux de Paris, a expliqué en début de mois à Associated Press: « On doit se pencher dessus parce qu’on ne peut pas l’ignorer et dire « ce n’est pas nous, ce n’est pas compatible avec les Jeux olympiques ». Les jeunes s’intéressent à l’eSport et ce genre de choses. Donc oui, faisons de même, rencontrons ses représentants, voyons si l’on peut établir des liens ou pas. Je ne veux pas dire non tout de suite. Je pense que c’est intéressant qu’on discute tous ensemble pour mieux comprendre comment ça fonctionne et pourquoi l’eSport a autant de succès. »
Thomas Bach, le président du CIO, avait émis un point de vue très nuancé quelques mois plus tôt, suggérant qu’il n’était « pas 100% sûr que l’eSport soit vraiment un sport ». Le dirigeant allemand avait précisé: « Nous ne voyons pas une organisation ou une structure qui nous donne confiance ou nous garantisse que les valeurs de l’olympisme et du sport soient complètement respectées. »
Peut-être. En attendant, le sujet fait débat. Surtout, il gagne sérieusement du terrain. A l’initiative de l’Association des comités olympiques asiatiques (OCA), l’eSport intégrera le programme des Jeux Asiatiques. Dans un premier comme sport de démonstration, lors de l’édition 2019 en Indonésie, puis en qualité de discipline officielle à Hangzhou, en Chine, en 2022. Il sera également présent aux Jeux d’Asie des arts martiaux et des sports de salle, organisés le mois prochain à Achgabat, au Turkménistan.
Autre percée, sans doute la plus spectaculaire: l’annonce lundi 21 août du lancement du premier championnat du monde de F1 virtuel. Son nom: F1 eSports Series. Il doit débuter le mois prochain, peu après la sortie du jeu F1 2017. Il couronnera en fin de saison le premier champion du monde virtuel de l’histoire de la Formule 1.
A l’initiative de l’opération, le groupe américain Liberty Media, détenteur depuis le début de l’année des droits commerciaux de la F1. Résolu à changer l’image de la Formule 1, il s’est associé à deux acteurs majeurs du marché du « gaming », Codemasters, un développeur du jeu, et Gfinity, une plateforme d’eSport.
Commentaire de Sean Bratches, le directeur commercial de la F1: « Ce lancement représente une opportunité incroyable pour nous, stratégiquement et dans le lien que nous créons avec les supporteurs. Nous rejoignons d’abord un segment en expansion, avec un engagement très fort des fans, et nous sommes fiers d’avoir Codemasters et Gfinity à nos côtés. »
Dans le détail, la première saison de F1 eSports Series se déroulera en trois temps. Une première phase consacrée aux qualifications, ouvertes à tous, sous réserve de s’inscrire en ligne sur le site officiel. Elle s’étalera sur tout le mois de septembre. Les postulants s’affronteront sur PlayStation4, Xbox One et les plateformes PC Windows.
Les 40 meilleurs pilotes-joueurs seront ensuite invités à se retrouver en demi-finales. Elles se dérouleront à Londres, les 10 et 11 octobre 2017, à la Gfinity Arena, temple du « gaming ». Enfin, la grande finale se tiendra à Abou Dhabi, avec 20 joueurs en lice, qui se départageront sur trois courses organisées les 24 et 25 novembre au circuit Yas Marina. Le vainqueur sera désigné « champion expert de Formule 1 eSport ».
Une forme de révolution? Oui et non. Avant la F1, la Formule E s’est déjà engouffrée dans la brèche. Elle a organisé deux épreuves, à Londres et Las Vegas. Le vainqueur de la deuxième, un Néerlandais nommé Bono Huis, est reparti avec un chèque de 200.000 dollars.