Les Fancy Bears ont encore frappé. Mais, cette fois, le groupe de hackeurs russes change de terrain. Il s’attaque au football. Une année après avoir dévoilé sur leur site Internet une longue liste d’athlètes ayant eu recours à des autorisations à usage thérapeutiques (AUT), dont Mo Farah, Serena Williams, Rafael Nadal et Christopher Froome, les pirates informatiques récidivent en s’intéressant au Mondial de football en 2010.
« Les joueurs et les officiels affirment de manière unanime que ce sport (le football) n’est pas touché par le dopage, explique le groupe russe dans un communiqué. Notre équipe a pris ces nombreuses déclarations pour un défi et va désormais prouver que ce sont des mensonges. »
Le résultat se révèle explosif. Les Fancy Bears ont joint à leur communiqué un ensemble de documents, dont l’un provenant de la FIFA, consacré aux AUT délivrées durant le Mondial 2010 en Afrique du Sud. On découvre ainsi que 12 sélections, sur les 32 ayant participé à la compétition, ont eu recours à ces autorisations médicales. Au total, 25 joueurs en ont bénéficié à l’occasion du tournoi.
En tête de liste, l’Argentine avec cinq joueurs cités : l’attaquant Carlos Tévez, le buteur Diego Milito, l’ancien milieu Juan Sebastian Veron, plus Gabriel Heinze et Walter Samuel. L’Allemagne pointe en deuxième position, avec 4 joueurs mentionnés par les Fancy Bears (Mario Gomez, Hans-Jorg Butt, Denis Aogo et Christian Träsch). L’Algérie, le Chili, la Côte d’Ivoire, la Grèce, la Nouvelle-Zélande, la Slovaquie, la Slovénie et les États-Unis sont également concernés. En revanche, pas le moindre joueur issu des équipes d’Espagne, sacrée championne du monde, et de France.
Selon le document révélé par les pirates russes, l’Argentin Carlos Tévez aurait bénéficié d’une AUT pour prendre du bétaméthasone, un glucocorticoïde aux effets anti-inflammatoires. L’Allemand Mario Gomez, lui, aurait été autorisé à utiliser des produits contenant du salbutamol, une substance qui peut être administrée aux sportifs pour traiter leur asthme. Enfin, l’Algérien Ryad Boudebouz se serait de son côté soigné à base de triamcinolone, un corticoïde figurant sur la liste des produits interdits.
Précision: la présence de ces joueurs sur la liste de la FIFA n’en fait pas des tricheurs. La Fédération internationale a d’ailleurs réagi en condamnant la publication par Fancy Bears « d’informations obtenues illégalement et qui mettent en danger la lutte contre le dopage. »
Troublant? Certainement. Mais le pire est ailleurs. Résolu à frapper plusieurs fois, les Fancy Bears assurent, document à l’appui (ci-dessous), que 160 footballeurs ont été contrôlés positifs au cours de la seule année 2015. Parmi eux, pas moins de 6 l’auraient été sous l’autorité de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Trois joueurs ont été contrôlés positifs au cannabis, un aux corticoïdes, un à la terbutaline (un médicament qui permet de dilater les bronches) et un à la morphine.
Ils auraient été 200 autres à avoir subi un contrôle antidopage positif en 2016. Cette fois, le groupe russe ne cite pas de nom. Dommage.