L’attentisme serait-il en train de perdre son statut de discipline olympique? Moins de 4 jours ont passé depuis l’arrestation à son domicile de Carlos Nuzman, le président du comité olympique brésilien, mais l’épisode semble déjà appartenir à l’histoire ancienne, tant les événements se sont précipités au cours des dernières poignées d’heures. Suspendu à titre provisoire par le CIO, le Brésilien a annoncé sa démission de son comité national olympique. Pas sûr qu’on le revoit un jour dans le paysage.
Rompant avec ses habitudes, le CIO a frappé le premier. Avec force et vitesse. Dès vendredi 6 octobre, au lendemain de l’arrestation de Carlos Nuzman pour corruption et blanchiment d’argent, l’organisation olympique a annoncé via un communiqué de presse sa décision de le « suspendre provisoirement de tous les droits, prérogatives et fonctions attachés à sa qualité de membre honoraire du CIO ». L’ancien avocat, aujourd’hui âgé de 75 ans, se voit notamment exclu de la commission de coordination des Jeux de Tokyo 2020.
Dans la foulée, le CIO a annoncé une volée de sanctions au moins aussi sévères à l’égard du comité olympique brésilien (COB). Précisant que l’organisation et son président étaient conjointement « responsables de la candidature de Rio de Janeiro en 2009 », le CIO a prononcé également la suspension provisoire du COB. Dans les faits, ses subventions et versements sont gelés, il n’est plus autorisé à exercer ses droits de membre dans les associations de comités nationaux olympiques.
Mais, détail tout sauf anecdotique, « le CIO acceptera l’inscription d’une délégation brésilienne aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 et à toutes les autres compétitions auxquelles le COB serait invité, avec tous les droits et obligations y afférents. » Enfin, les bourses dont bénéficient des athlètes brésiliens continueront à leur être versées.
Le lendemain, nouvel épisode, situé cette fois au Brésil. Carlos Nuzman fait savoir dans une lettre envoyée aux autres membres du COB sa décision de rendre les clefs de son bureau présidentiel. Il explique vouloir se consacrer à temps plein à sa défense.
« Afin d’exercer pleinement mon droit à la défense, jusqu’ici violé, je quitte mon poste à la tête du comité olympique brésilien et de membre de l’assemblée générale », explique Carlos Nuzman. Il annonce également quitter la présidence du comité d’organisation des Jeux de Rio 2016. Encore une fois, « pendant le temps qu’il faudra » pour sa défense.
Question: Carlos Nuzman rendra-t-il les 16 lingots d’or (valeur 560.000 euros) dont la justice brésilienne a découvert l’existence dans son coffre d’une banque suisse?
Une assemblée générale extraordinaire du COB a été convoquée pour mercredi 11 octobre à son siège de Rio de Janeiro. A l’ordre du jour, un seul point, mais il est d’importance: « Délibérer au sujet des décisions annoncées par le CIO. » La réunion s’annonce houleuse. Les débats seront conduits par le vice-président, Paulo Wanderley, invité à grimper d’un rang pour assurer l’intérim depuis l’arrestation de Carlos Nuzman.
Déjà mis à mal par le triste héritage des Jeux de Rio, le comité olympique brésilien pourrait bien en être seulement au début d’une longue traversée du désert. Son ex président dort en prison, ses subventions sont gelées, son image et salement entachée. Sombre tableau.
A l’inverse, le CIO s’est prémuni du pire. Au moins provisoirement. La rapidité, et surtout la sévérité, des sanctions infligées au camp brésilien, lui assurent de conserver un semblant de crédit. Mais les voix commencent à se faire entendre, parmi ses membres, pour réclamer une réforme des règles et de la gouvernance. Le Néo-Zélandais Barry Maister, notamment, appelle à une nouvelle politique en matière de « sélection, management et éducation » des membres du CIO. Le temps presse.